"Priez sans cesse". L'invitation du Seigneur a toujours résonné dans le coeur des moines et des chrétiens comme un idéal. Il ne s'agit bien sûr pas de dire des prières continuellement, mais, comme Cassien nous l'apprend dans une fine analyse, à demeurer dans un état de prière, une disposition intérieure qui est un dialogue perpétuel avec le Seigneur. Cela ne peut se réaliser, bien sûr, que si toute notre existence tend elle-même à cette communion, quand nous l'aurons établie sur ce fondement qu'est l'humilité.
Car comment rester uni à Dieu en pensée et de coeur, si nos attitudes contredisent cette communion ? Tout ce qui nous ramène à notre moi ou aux possessions égoïstes constitue ici un obstacle majeur. Cassien détaille ensuite les quatre formes de prière dont parle l'Apôtre Paul : demandes, souhaits, supplications, actions de grâces (1Tim 2), mais pour revenir au but que poursuit sans cesse tout croyant authentique : la pureté du coeur qui seule permet l'union à Dieu.
Le commentaire du "Notre Père" qui suit, est l'occasion de mettre en oeuvre ces principes de base. En entrant dans l'attitude filiale que cette prière parfaite nous communique, nous réalisons le but de toute vie chrétienne : devenir un avec le Fils, comme le baptême nous en a ouvert la possibilité. Et, soyons en assurés, Dieu écoute toujours nos prières, même si nous ne sommes pas parfaits.
Jean Cassien est mal connu. On ne sait si le nom de Jean lui fut donné à son baptême ou quand il devint moine, ni s'il naquit en Dobroudja (Roumanie) ou en Provence. Il est certain que, très jeune, il fut moine à Bethléem. Vers 385 il partit pour l'Egypte avec un fidèle compagnon, le prêtre Germain, et il y passa une quinzaine d'années. Vers 400, il se rendit à Constantinople, où Jean Chrysostome l'ordonna diacre.