L'intitulé, qui ne laisse pas deviner le contenu de l'ouvrage, doit se comprendre comme une riposte à l'encontre d'un livre paru quelques années plus tôt, qui avait fait grand bruit, soulevé des tempêtes d'indignation et de protestations en Angleterre et sur le continent: Honest to God, dont l'auteur était l'évêque anglican John Robinson (ouvrage qui fut traduit en français par Louis Salleron sous le titre : Dieu sans Dieu). L'évêque anglican ne faisait que résumer et vulgariser la pensée de trois théologiens protestants allemands : Tillich, Bonhoeffer, et Bultmann ; il faut, disent-ils, rejeter l'image qu'on s'est faite de Dieu, un Dieu en-dehors et au-dessus de l'homme, le Dieu "d'en-haut", pour le rechercher et le trouver en soi-même : le Dieu "au-fond", C'est là le produit et l'aboutissement du subjectivisme intégral de la philosophie allemande héritière de Kant. Une philosophie dissolvante de toute notion de vérité objective et, partant, de la foi catholique. Au fond, la pensée de Robinson et des trois théologiens de référence est très proche de "l'entfremdung" de Hegel et de Marx : l'aliénation, thèse qu'on retrouve aussi chez leur contemporain Ludwig Feuerbach(*).
Le présent ouvrage apporte la preuve, par la méthode comparative, que le modernisme en philosophie et en théologie aboutit au même résultat catastrophique que le communisme dans la vie des peuples. D'où le sous-titre suggéré par Mgr Lefebvre : modernisme et communisme ; un même esprit.
(*)Ludwig Feuerbach (1604-1872). Dans son ouvrage principal "Wezen des Christentum" (L'essence du christianisme) il défend l'idée que l'aliénation religieuse (du mot latin alienus, étranger) est une étrangeté de l'esprit humain qui s'aliène lui-même en objectivant sur une image, une simple représentation idéelle, Dieu et les attributs qu'il possède : raison et volonté. Ainsi, l'anthropologie devient "le secret de la théologie"), conception dont Karl Rahner s'est rapproché dans son "anthropologie transcendantale".