La devise de Véra Baboun est : "De la souffrance, apprendre à faire naître la grâce". Cette professeure d'université a vu sa vie bouleversée en 1980, lors de l'arrestation de son mari, militant palestinien, par les Israéliens, puis de sa mort. Elle va alors ériger en règle de vie le fait d'emprunter des chemins nouveaux, de relever trois défis : se battre pour son pays, pour sa ville, pour les femmes.
Son héroïne, que lui contait son grand-père, c'est Shéhérazade, qui accomplit son destin grâce au courage, à l'éducation, à la sagesse. Elle veut porter ce combat pour toutes les femmes du monde. En tant que maire de Bethléem, elle sait que les murs qui enferment sa ville risquent d'enfermer les habitants en eux-mêmes, de les transformer en exilés de l'intérieur. Plus on enferme, plus on radicalise.
Elle veut elle, briser ces murs. Dans son enfermement, elle arrive à s'adresser à l'humanité entière. Elle se bat pour défendre la vie quotidienne des habitants, négocier sans relâche l'accès à l'eau, à l'électricité, au retraitement des déchets... Si elle reconnaît les points faibles de la société palestinienne, elle est aussi déçue par les grands hommes politiques qui sont venus dans sa ville (Barack Obama, David Cameron...) A l'exception du pape François qui a prononcé des paroles de reconnaissance, celle dont son peuple a besoin.
Véra Baboun, 53 ans, est la première femme maire de Bethléem. Elue en 2012, sur une liste du Fatah, elle est une Palestinienne chrétienne, professeur d'université (littérature anglo-saxone) et mère de cinq enfants. Cet ouvrage est son premier livre, où elle délivre, de sa petite ville encerclée d'un mur, un regard très espérant. Philippe Demenet, journaliste, spécialiste du récit, a longtemps couvert l'actualité du Moyen-Orient.