Un roman, certes, mais l'auteur n' évoque-il pas des situations vécues et des personnages ayant partagé ses propres aventures, qu'il préserve pudiquement en mêlant les faits et leurs acteurs véritables ?
Qu'importe la réalité.
L'ambiance quotidienne de ces sombres derniers mois de l'Algérie française n'est-elle pas ici rendue avec une force et un souci de sincérité qu'on retrouve à chaque ligne de cet ouvrage, hommage à tous les "HUMBLES" qui se sont engagés, trop souvent seuls, pour sauvegarder leur patrimoine ?
Loin des clichés entretenus d'une organisation terroriste et sanguinaire, l'O.A.S., c'est le combat désespéré d'une poignée de gens simples qui est ici évoqué, dans le cadre attachant d'une petite ville du littoral grandiose de la Kabylie, Bougie, Vgayet en berbère, après la signature des "accords" d'Évian, ahurissante capitulation de l'idole autoproclamée de la résistance, Charles De Gaulle, devant l'ennemi pourtant vaincu, cas unique dans l'histoire de France.
En conclusion, l'auteur se risque à cette question : et si les Pieds-Noirs avaient pensé plus "Algérie" que "France" ?...
Un grand état méditerranéen, au fabuleux potentiel énergétique, minier, industriel, agricole, piscicole, touristique, thermaliste ne serait-il pas né, préservant sa composante chrétienne et la reproposant aux ethnies berbères, historiquement christianisées, face à cette France fatiguée, permissive, masochiste, démolissant par pans entiers les fondations de ses valeurs ?
L'auteur, Pied-noir né à Bône, fils de gendarme, Saint-Cyrien de la promotion lieutenant-colonel Jeanpierre, a rejoint l'O.A.S. juste après les "accords d'Évian", s'engageant donc alors que la situation était désespérée !