Célèbres, peu d'écrivains le furent de leur vivant autant que ce maître du roman romanesque. Romancier fécond lu dans le monde entier, académicien couvert d'honneurs, ambassadeur itinérant de la littérature française, seuls Jules Verne ou Alexandre Dumas pourraient lui disputer sa gloire.
En son temps, seuls quelques happy few - Léon Daudet, Edmond Jaloux, Paul Morand - surent déceler sous le masque du romancier à succès un écrivain secret, rare et confidentiel; à côté des romans exotiques aux paysages enchanteurs, peuplés d'héroïnes fabuleuses, des oeuvres intérieures, profondes, mystérieuses, plongeant leurs racines dans le terroir et dans l'opacité de l'être humain.
Ce Benoit (Qui suis-je ?) présente cet homme de lettres loué pour son "professionnalisme" comme le conteur habile et captivant qu'il fut, le probe artisan de l'écriture, mais aussi comme le poète épris de symbolisme, l'adulateur ambigu du "sublime génie féminin", l'admirable peintre des payssages naturels et des paysages de l'âme.
Peu de personnalités sont aussi ambivalentes et complexes que celle de ce bon vivant, "charmant garçon" et fin gastronome, porté par une nature douloureuse au pessimisme et à la misanthropie - grand voyageur enraciné dans son terroir, maurrassien fasciné par l'Allemagne. Ce "confectionneur de romans de gare", doté d'une immense culture littéraire, a écrit, mine de rien, quelques-uns des plus beaux romans de notre langue...