"Ce sera l'éternel honneur de l'Amérique et de la France de n'avoir combattu ensemble et de n'avoir usé de la victoire que pour affirmer les droits des peuples à la liberté." Le maréchal Pétain exprime ainsi, lors de la célébration du 150e anniversaire de la victoire de Yorktown, la profondeur de son attachement au peuple américain et à ses soldats. Dans une image : "Deux têtes blanchies sous un même bonnet", il résume l'amitié qui le lie à John J. Pershing. Amitié indéfectible qui se manifeste en juillet 1944, lorsque Charles de Gaulle, de passage à Washington, rend visite à celui-ci dont la vie s'achève au Walter Reed Hospital et qui pose une seule question à son visiteur inattendu : "Et comment va le maréchal Pétain ?"
"J'attends les Américains et les tanks, avait déclaré Pétain aux impatients qui, en 1917, prêchaient les sanglantes et inutiles offensives. Telle est encore sa stratégie en juin 1940, quand il déclare : "Les Américains gagneront la guerre comme en 1918." Sa politique découle de cette certitude dont la concrétisation intervient le 8 novembre 1942 lorsqu'il apprend le débarquement allié en Afrique du Nord. "Il semblait avoir rajeuni de vingt ans. Ses yeux bleus étaient clairs et pétillants. Il semblait heureux comme un pape, il m 'a raccompagné en chantonnant", témoigne le chargé d'affaires américain à Vichy.
Entre-temps, l'illustre soldat avait passé avec Churchill des accords dont les termes font l'objet de documents très secrets, enfin publiés dans cet ouvrage et dont la teneur justifie l'indignation du Département d'État qui, le 26 avril 1945, juge que leur occultation et "la vaste diffusion d'une propagande contraire constituent l'un des plus noirs chapitres de la mystification de l'opinion publique pendant la guerre".
L'auteur, le général de corps aérien (CR) J. le Groignec, a déjà publié aux Nouvelles Éditions Latines deux ouvrages sur le Maréchal : Pétain, gloire et sacrifice, préfacé par Jean Borotra et prix 1991 des Intellectuels Indépendants ; le Maréchal et la France (1994).
Photo de couverture :
Mémorial américain, inauguré à St-Nazaire le 21 juin 1926, détruit par les Allemands le 13 décembre 1941, et reconstruit en 1989.