Paul CARTON (1875-1947)
Personnage aujourd'hui tombé dans un oubli très injuste, le Docteur Paul Carton (1875-1947) mérite amplement que l'on réhabilite sa mémoire ainsi que ses enseignements sur la santé et sa pratique médicale, du moins jusqu'à un certain point. En rupture totale avec la médecine officielle de son temps, il ne fut pourtant ni un charlatan, ni un escroc, ni même un chef de secte ou un gourou avant la lettre. Mais bien plutôt un homme que ses idées très à contre-courant, son élitisme et son intransigeance, rendirent assurément trop sectaire, ce qui n'est pas la même chose.
En ce qui le concerne, il est indispensable de fournir d'abord d'assez nombreux éléments biographiques, car ce par quoi il passa durant son enfance et son adolescence explique pour une part importante les choix qu'il fit et les enseignements qu'il défendit plus tard.
D'UNE SANTÉ FRAGILE À LA VICTOIRE SUR LA TUBERCULOSE
Paul Carton naît à Meaux en 1875 dans une famille catholique. Il se ressentira beaucoup de son appartenance à la génération élevée dans l'esprit de la revanche, comme en atteste sa germanophobie future, jamais démentie, alors même que son domaine d'activité, les méthodes dites "hygiénistes" et les médecines que l'on nommerait aujourd'hui "alternatives", connaît un grand succès en Allemagne dans la période allant de 1890 à 1920 environ. Signe révélateur : ministrent surabondamment, conformément aux idées en vogue à l'époque ; plus tard dans son enfance, une scoliose, qui l'oblige pendant deux ans à porter nuit et jour un corset en cuir et en fer ; une forte myopie, qui lui interdit, à l'école, de suivre les démonstrations au tableau noir. Bon élève malgré tout en raison de sa grande volonté, Carton fait de solides études secondaires au collège libre de Meaux et a pour condisciple le jeune séminariste Albert Bros, qui deviendra vicaire général du diocèse, "se spécialisera en ethnologie religieuse et jouera un grand rôle dans l'évolution spirituelle de son ami »i1l. Carton entame ensuite des études de médecine, mais, interne des Hôpitaux de Paris, il est frappé par la tuberculose en 1901. Il est de nouveau soigné par suralimentation, censée fortifier l'organisme, avec jusqu'à 150 grammes de viande crue et douze oeufs gobés par jour. Il se convaincra plus tard que suralimenter des malades affaiblis, c'est leur imposer un effort digestif qui les épuise un peu plus. Malgré la maladie, il soutient sa thèse en 1903 et entame sa carrière de médecin.
Mais en raison de l'aggravation rapide de son état, il doit quitter Paris pour un sanatorium à la fin de l'année 1905. Il est décrété incurable et promis à une mort proche.
Alors victime d'une intoxication alimentaire, il "réduit son alimentation, renonce à consommer poissons, viande, oeufs et vin jusqu'à aboutir à la rémission partielle de ses maux", et quitte le sanatorium. Carton s'est guéri tout seul avec succès, même si, pour le restant de sa vie, "il gardera les stigmates de la maladie ainsi qu'une sensibilité extrême aux moindres variations des conditions climatiques ou de son régime alimentaire".
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