Une analyse critique
5/5 AFS
Partant du Discours sur la condition des Grands, texte à destination du fils du Duc de Luynes, l’auteur, Louis-Edgard de Pinieux analyse la pensée de Pascal concernant l’organisation de la société, la place des Grands et les raisons qui les ont établis.
Le schéma intellectuel de Pascal est déjà très "moderne" voire progressiste, en ce sens que Pascal ne raisonne pas à partir des faits et de l’histoire (c’est-à-dire de la réalité objective), mais de sa seule pensée. Il ne prend pas en compte la loi naturelle (selon l’ordre naturel, chaque individu est le fruit de sa famille, de son éducation, du milieu où il se forge), loi inaccessible à l’intelligence humaine. Mais pour lui tout vient du législateur. La loi du législateur devient au-dessus de la nature. On pressent Rousseau pour qui tous les hommes sont égaux dans l’état de nature. Pour Pascal, le législateur est la cause des situations. Nous sommes loin de la société telle que saint Thomas en décrit les ressorts et la finalité. Selon Pascal la loi naturelle est inconnaissable du fait du péché originel qui a obscurci l’intelligence des hommes. Ce préalable permet de faire fi, malgré sa foi chrétienne, de la volonté de Dieu.
L’auteur met en évidence les fondements de l’autorité, à ses yeux : la force. L’équilibre qui doit s’établir pour la paix dans la société entre les dominants et les dominés naît du respect de la loi. Mais la force fonde-t-elle la justice et la légitimité ? Ne serait-on pas devant une forme d’aliénation où les forts agissent sur l’imagination des dominés leur faisant ainsi admettre l’ordre établi ? C’est entrer dans la gestion de l’opinion, prémices de la manipulation sociale. Cette fois-ci, Marx n’est pas loin ! La politique ne deviendrait-elle pas un art de mentir, ou du moins de convaincre ?
Pascal, par son génie, a été le fer de lance de la pensée moderne à l’intérieur de la société très chrétienne, l’archétype du janséniste… En coupant les racines naturelles et chrétiennes de la société politique, il a préparé son renversement au siècle suivant. Ceux qui auraient dû en être les fervents défenseurs en sont devenus les premiers démolisseurs autrement aussi efficaces que les philosophes des Lumières.
Le scepticisme de Pascal est déjà très moderne qui ne veut voir dans l’univers qu’un écheveau d’erreurs et de folies [quand St Thomas enseignait l’ordre divin de toute la création.]
Le rasoir janséniste et pascalien a été d’une efficacité redoutable dans la mort des intelligences politiques.
Le lecteur est ici invité à une analyse critique et à cerner les conséquences de la pensée de Pascal. Un livre dont il faut prendre connaissance avant de lire ou relire Pascal et à mettre entre les mains de tous les étudiants.
LA
<p align="right">AFS N° 278 Décembre 2021 <a href= https://www.afs.ovh/action-familiale-et-scolaire/ target=_blank>www.afs.ovh/action-familiale-et-scolaire</a>/
Que reste-t-il de Pascal ?
5/5 La Gazette Royale .
.----. De Maistre à Jacques Vier, en passant par l'abbé Bremond, Mgr Calvet, l'abbé Baudin et le cardinal Journet, par Massuis, Bourget, Maritain, Goyau, Maurras et bien d'autres, l'auteur a enquêté.
Et il faut l'admettre, le Pascal des paroissiens correspond rarement au Pascal historique : " ... il y a chez Pascal une critique sociale et politique (...) qu'il serait à peine exagéré de dire qu'aucun des théoriciens du XVIIIème siècle ne l'a seulement rejointe " écrit Goldschmidt.
Son génie a contribué à introduire dans la pensée des catholiques les éléments de la modernité politique qui étaient la condition préalable de sa destruction, résultat inespéré du jansénisme, dont nous sommes si imprégnés que nous ne le voyons plus.
Alors que reste-t-il de Pascal ?
[ La Gazette Royale , numéro 167 - avril, mai, juin 2021 , 6 euros ,sur demande à l'adresse : 44 rue des Professeurs Pellé, 35700, Rennes ]
Le fruit d’une analyse complète
5/5 Jean-Marie
Voilà le fruit d’une analyse complète, pertinente et approfondie de la part de l’auteur de cet ouvrage récent.
Blaise Pascal (1623-1662) est bien sûr un homme étonnant. Mathématicien, physicien, inventeur et également philosophe, moraliste et théologien. Dans le grand public, on sait qu’il inventa la première machine à calculer à l’âge de 19 ans.
Les pensées de Pascal sont considérées comme une œuvre majeure. Mais ce penseur, il faut le souligner, était plus romantique que mystique. Au sein des grands débats politico-religieux de son temps, Pascal et les jansénistes étaient hermétiques à toute intelligence politique et à la compréhension de la société dans laquelle ils vivaient.
Bien que considéré comme un génie, faut-il suivre Pascal sur le plan religieux ? Louis-Edgard de Pinieux, archiviste de profession, répond clairement à cette question. Ses analyses sont méditées, ses réfutations sont justes, remarquables et clairement argumentées. Certes, Pascal avait un esprit rigoureux en ce qui concerne les sciences mathématiques, l’algèbre, l’arithmétique, la physique… Mais sa morale est très discutable car elle s’oppose à l’ordre naturel. Il faut le souligner et c’est ce qui a été fait dans cet ouvrage récent.