Le feu embrasant la cathédrale Notre-Dame de Paris n'a pas seulement ému le peuple français mais a frappé le monde. A preuve, les messages de toutes provenances et les dons, qui ont aussitôt afflué. Mais cet événement n'était pas que tragique. Spectaculairement chargé de symboles, visibles et perceptibles par l'ensemble de la planète, il a tant frappé les imaginations et les âmes, croyantes et incroyantes, que beaucoup n'ont pu retenir une interrogation : cela doit avoir un sens.
Punition ? Mise en garde ? Son sens apparaîtrait peut-être un jour comme la prédiction, la métaphore d'une chose à venir, l'annonce d'une épreuve, voire d'un châtiment... Il faudrait un prophète pour déchiffrer un tel message. Mais ce n'est pas prétendre l'être que d'écouter ici attentivement ce que raconte le monument lui-même par son architecture concrète et symbolique, par la manière dont il fut attaqué par le sinistre, la blessure infligée, et l'admirable façon dont son grand vaisseau fut au dernier moment épargné, sauvé de l'écroulement.
Pour entrouvrir humblement cette piste, il suffit d'interroger les croyants sur l'usage qu'ils font de l'édifice autour du grand mystère qu'est le Saint Sacrifice du Christ, et d'y suivre l'Eglise marchant ou naviguant, depuis deux millénaires d'une histoire dont la première séquence, peut-être aujourdhui, s'achève ou se transforme. C'est donc interroger Notre-Dame sur notre vocation actuelle. A ceux qui voulaient faire taire ses amis, Son Fils n'a-t-il pas dit (Luc 19, 40) : "Même s'ils se taisent, les pierres crieront" ?
Auteur de travaux littéraires, dramatiques, politiques et historiques, diplômé de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, traducteur de Shakespeare, Marlowe, Synge, Eich, Merwin... et des troubadours occitans, Luc de Goustine est aussi un commentateur fervent de l'art sacré et de la Sainte Ecriture.