Opposition entre païens et catholiques
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.----. Lorsqu’on regarde le camp national au sens large, ce qui inclut « toute personne hostile à l’internationalisme », il est impossible d’y voir un bloc monolithique. Les chapelles sont nombreuses, parfois séparées par un fossé idéologique profond, d’autres fois, par une simple animosité entre deux égos démesurés. Mais il y a une ligne de fracture qui semble irréconciliable et c’est celle de la religion, cette fameuse opposition entre païens et catholiques.
L’auteur thomiste Joseph Mérel, auteur entre autres de Désir de Dieu et organicité politique et de Pour une révolution contre-révolutionnaire, s’est penché sur la question et nous livre dans Paganisme versus catholicisme le fruit de ses recherches et réflexions, toujours bien affutées, comme il nous y a habitués.
Tout d’abord, dans ce court ouvrage qui s’adresse dans un premier temps aux païens assez ouverts d’esprit pour s’y plonger, il relève la liste des griefs entretenus par les païens à l’égard du catholicisme, « religion du désert » qui serait en quelque sorte un judaïsme pour Gentils. Ceux-ci reprochent en outre « aux nationalistes (…) de se référer en tant qu’Européens aux principes chrétiens qui ont historiquement forgé l’Europe. »
Ces griefs, il les présente de façon claire et précise, sans tenter de les ridiculiser ou de déformer à la manière des sophistes. Mérel est convaincu; il n’a pas besoin de raccourcis intellectuels pour prouver son point. Il considère d’ailleurs que nombre de ces critiques sont loin d’être dépourvues de fondement, si l’on se fie à ce que le catholicisme est devenu de nos jours avec le pape François, mais aussi dans certaines chapelles traditionalistes.
Le problème ne serait donc pas le catholicisme comme tel, mais sa perversion moderniste ou surnaturaliste. Les chrétiens qui manquent de ferveur, à l’instar des modernistes, et ceux qui vivent reclus du monde en ascèse, comme certains traditionalistes, offrent une piètre image de ce que le catholicisme est et fut. De là provient une grande confusion.
Il invite donc le catholique à « « s’ouvrir aux critiques du néo-païen afin de se libérer de ses reliquats surnaturalistes » et dans un même souffle, il encourage le païen « à ne pas confondre le catholicisme avec sa caricature ».
Mérel exhorte ainsi les catholiques à renouer avec leur nature, à cesser de lui tourner le dos. Il faut embrasser notre nature pour cesser de vivre tel une proie se retrouvant dans un milieu hostile. Ce n’est pas en se présentant comme des victimes atterrées d’un monde néfaste qu’on attirera à soi les autres, c’est en s’élevant au-dessus de la mêlée, en domptant notre nature et le monde que l’on donnera un exemple qu’on a envie d’émuler.
Quant au paganisme, il considère de fait que ce renouveau païen découle paradoxalement d’un subjectivisme très libéral, voulant que « l’homme est ce qu’il décide d’être », tant au point de vue sexuel que religieux. Mérel se place ainsi contre les ethno-différencialistes qui refusent toute universalité : il n’y a qu’une religion vraie et universelle, la religion catholique, et ce n’est pas rendre service à l’humanité que de louer les vertus des divers cultes, aussi exotiques et colorés soient-ils. [ Rédaction de Jeune Nation le 6 juillet 2020 ]