Le 29 novembre 2009, les Suisses ont voté à une nette majorité l'arrêt de l'édification de minarets sur leur territoire. C'est la première fois qu'un pays démocratique fixe constitutionnellement ses rapports avec l'islam et le modèle de société qu'il convoie. Le conseiller national (UDC) Oskar Freysinger a été le principal promoteur d'une initiative à laquelle personne ne donnait la moindre chance de succès. L'issue de ce référendum a fait de lui le porte-parole du peuple suisse face au monde à l'heure où son propre gouvernement était plongé dans l'embarras. L'image de l'"homme au catogan", enjoué et souriant, défendant le vote suisse face à des détracteurs allant de Daniel Cohn-Bendit aux idéologues du Hamas, a fait le tour du monde. Ce coup de théâtre, tout comme la carrière insolite d'Oskar Freysinger - élu, mais aussi licencié ès-lettres et professeur d'allemand, écrivain, chanteur, bateleur - n'étaient concevable qu'en démocratie directe. La cause et l'homme se sont rencontrés pour dévoiler au monde entier l'extraordinaire anomalie, au XXIe siècle, d'un pays dont le peuple demeure le vrai souverain. Connaissant Freysinger de longue date, mais par un biais inattendu - la littérature -, Slobodan Despot propose, sous une forme originale oscillant entre le récit et le dialogue, un portrait chaleureux et détendu, mais sans complaisance, du tribun populaire au milieu de son "village gaulois". Il explore, en "Suisse d'adoption", les particularités de ce modèle d'un autre temps (passé ou futur ?) sans jamais perdre de vue les immenses enjeux européens, et même globaux, soudain mis en lumière par le vote de ce petit pays.
Slobodan Despot, né en 1967, éditeur, écrivain et photographe, dirige les aditions Xenia à Vevey. Il est l'auteur de Balles perdues, de Valais mystique et de Despotica.