Olave et la France ...
5/5 Sachem, scouts de Doran .
.----. Chef guide du monde, Olave goûte peu au début les mouvements catholiques de scoutisme et semble beaucoup moins tolérante que son mari vieillissant à ce sujet. Pour elle, un pays doit avoir un seul mouvement de scoutisme et non pas des associations confessionnelles, un peu comme le cujus regio ejus religio de la paix d'Augsbourg (1555) en fait. Elle argue de l'unité du mouvement ; on peut y voir aussi un refus de la pluralité et surtout du scoutisme catholique venu d'une anglicane libérale et relativement anti-papiste. Cela dit, son attitude à ce sujet évoluera.
Veuve en 1941, à 52 ans, après 29 belles années de vie commune avec B.P.,Olave reçoit en héritage l'amour des scouts et des guides du monde entier. L'étude des liens étroits avec la France est un bon moyen de constater la popularité d'Olave. Elle connaît la France comme jeune touriste au tournant du siècle, comme auxiliaire pendant la guerre 1914-1918 et comme chef guide du monde dès les années 1930. Elle voyage plusieurs fois dans notre pays et prend beaucoup de plaisir lors des rencontres avec les guides et les éclaireuses.
L'auteur apporte aussi des éléments nouveaux quand à la réserve de Lady Baden-Powell face aux évolutions pédagogiques du scoutisme et du guidisme britannique puis mondial dans les années 1960-1970. Lady Olave, baronne Baden-Powell s'éteint le 25 juin 1977 dans le Surrey en Angleterre. Ses cendres rejoignent ensuite celles de son époux au Kenya où elles reposent. D'une écriture érudite et de lecture agréable, ce livre est aussi une belle contribution à l'histoire des femmes ; une histoire complémentaire et non opposée à celle des hommes, cela va sans dire.
[ Chronique " Lu pour vous " signée "Christophe Carichon avec l'aimable autorisation de L'Homme nouveau", numéro 1724, 5 décembre 2020 .Ce texte est paru dans le numéro 182 de Sachem - scouts de Doran ; siège social : La Renolière - 49280 La Séguinière ]
Vie riche et passionnante !
5/5 Sachem, scouts de Doran.
.----. Dix-sept ans après sa biographie très fouillée de Baden-Powell (rééditée en 2016 en poche chez Tempus), Philippe Maxence nous offre celle de son épouse Olave St Clair Soames. Et cette vie est tout aussi riche et passionnante que celle du grand Chef B.P. Avec l'auteur, nous découvrons d'abord l'enfance et l'adolescence d'Olave. Elle naît en 1889, sous le règne du roi et empereur Georges V, dans une Angleterre dominant le monde. Sa famille appartient à la gentry et navigue avec délice entre excentricité et traditions. So british ! Jolie jeune femme accomplie, sportive (tennis, équitation, chasse, squash), artiste (violon), cultivée, Olave rencontre par hasard le général Robert Baden-Powell lors d'une croisière .
Malgré la différence d'âge, 32 ans, Robert et Olave tombent éperdument amoureux l'un de l'autre et se marient dix mois plus tard en octobre 1912. En épousant B.P., la jeune femme sait aussi qu'elle se lie au scoutisme auquel elle va vouer sa vie aux côtés de son époux. La biographie de Philippe Maxence suit Lady Baden-Powell pas à pas dans sa vie familiale (le couple a trois enfants), son engagement pendant la Première guerre mondiale en France, et surtout son rôle dans le mouvement scout en Angleterre et à l'international. Et ce n'est pas un long fleuve tranquille que l'auteur dépeint, entre les luttes de pouvoir autour du premier guidisme britannique (un bel hommage est d'ailleurs rendu à Agnès Baden-Powell, sœur de B.P. et belle sœur d'Olave), et les difficultés de gouvernance mondiale (les vicissitudes du scoutisme indien et ses liens avec la théosophe Annie Besant sont, en ce sens, très intéressants).
Philippe Maxence évoque aussi les difficultés et les erreurs des Baden-Powell dans l'éducation de leurs propres enfants. Nul n'est prophète... ( suite ... ).