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Notre-Dame de Paris - Ô reine de douleur

Référence : 108650
1 avis
Date de parution : 3 mai 2019
Auteur : TESSON (Sylvain)
Collection : LITTERATURE (NO
EAN 13 : 9782849906798
Nb de pages : 96
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Description
A l'esprit, dans l'ordre : l'effroi, les analyses, les souvenirs.
L'effroi, c'est l'impensable mêlé au sublime. Les images du brasier sont belles. Beauté horrifique, gravure en fusion de Gustave Doré.
Tout homme a un rendez-vous quotidien avec le paysage qu'il habite. Je vis sur les quais de la Seine, entre l'église Saint-Julien-le-Pauvre où fut enterrée ma mère et l'église Saint-Séverin où fut baptisé Huysmans.
Notre-Dame est là, tout près, reine mère de sa couvée d'églises.
Je séjourne "sous le commandement des tours de Notre-Dame" (Péguy dans Les Sept contre Paris)
Sylvain Tesson.
TitreNotre-Dame de Paris - Ô reine de douleur
Auteur TESSON (Sylvain)
ÉditeurEQUATEURS (EDITIONS DES)
Date de parution3 mai 2019
Nb de pages96
CollectionLITTERATURE (NO
EAN 139782849906798
PrésentationBroché
Épaisseur (en mm)7
Largeur (en mm)120
Hauteur (en mm)189
Poids (en Kg)0.10
Critique du libraire
Recueil de textes de Sylvain Tesson dont un inédit (écrit après l'incendie) en hommage à Notre Dame de Paris.
Les avis clients
Au chevet de notre reine
5/5 http://www.francisrichard.net/
.----. Sylvain Tesson se dit mécréant, mais chrétien. Peut-être est-ce pourquoi il ne se laisse pas assécher l'âme par la triste laïcité, qui refuse toute autre chose qu'elle-même. > Son livre est composé de quatre textes: - Et voici l'océan de notre immense peine (2019) - Sur les vaisseaux de pierre (1990 -2000), extrait de son Petit traité sur l'immensité du monde (2005) - Notre-Dame du Bon Secours (août 2015), extrait d'Une très légère oscillation (2017) - Ô Reine de Douleur (2019) Les deux textes publiés l'un en 2005, l'autre en 2017 montrent qu'il ne s'est pas intéressé tout d'un coup à Notre-Dame de Paris parce qu'elle avait subi un incendie le 15 avril. Dans le premier texte il voit un signe dans la chute de la flèche de Notre-Dame et dans le fait que la cathédrale vacille, mais reste debout, un signe que les trissotins modernes ne veulent pas voir: Ils prennent Notre-Dame pour un musée. Ils veulent par conséquent le rouvrir très vite... Ce signe que Sylvain Tesson voit dans la chute de la flèche est non un message à déchiffrer, mais une occasion à saisir: Nous avons l'opportunité de nous calmer un peu, de lever les yeux de nos écrans, de regarder à nouveau le ciel, de protéger les herbes et les bêtes, de faire silence en nos propres nefs, de nous souvenir que le monde n'a pas commencé hier et de songer à la concorde civile. Dans le deuxième texte il raconte son expérience d'escaladeur de cathédrales, avec quelques héritiers de l'alchimiste Fulcanelli: Si nous grimpions toujours en silence, au milieu de la nuit et vêtus d'habits sombres, ce n'était pas pour défier l'ordre. C'était même précisément par amour de l'ordre. Nous avions compris que les cathédrales étaient des équations. Lors de ces escalades nocturnes, ces grimpeurs font des rencontres, telle celle avec des Compagnons du Devoir qui travaillaient sous le toit de la cathédrale de Paris et les firent entrer dans la forêt: C'est ainsi que l'on nomme la charpente de Notre-Dame de Paris. On devrait dire la jungle car c'est un enchevêtrement de poutres ajustées les unes aux autres sans rivets ni chevilles: un mikado de châtaigniers. Dans le troisième texte, après son accident, il suit le conseil de ses médecins de faire de l'exercice et, en montant quotidiennement en haut des tours de Notre-Dame, se conforme à sa manière au principe de Kant qui, raconte Heine, chaque jour à la même heure, quittait son cabinet de travail et marchait le long d'un trajet immuable: Il y a quatre cent cinquante marches pour arriver au sommet de la tour sud. On s'élève d'abord à mi-hauteur de la tour nord, on traverse la coursive de la façade, au-dessus de la rosace occidentale, et on rejoint la tour sud pour poursuivre l'ascension au sommet. Cette ascèse lui réussit: Chaque jour je sentais les forces revenir. Il y avait quelque chose d'alchimique dans ces heures d'exercice. Comme si le mystère, la puissance de Notre-Dame pulsaient dans mes veines. A présent, je suis remis, je marche droit et je salue toujours les tours de Notre-Dame, quand je flâne à leur pied. Je leur rends bien modestement par ces lignes le bienfait qu'elles m'offrirent. Dans le quatrième et dernier texte, écrit dans la nuit du bûcher, il rappelle ses cent cinquante escalades de Notre-Dame, résumées dans le deuxième texte, qui lui ont permis de comprendre le miracle des cathédrales gothiques: Arcs-boutants, contreforts et pilastres empêchent l'accrétion. Sans eux, le fruit s'ouvrirait. Les flèches jaillissent en geyser, résultant de cette contention. Elles sont la résolution de l'équation de poussée. Il rappelle sa rééducation par la montée des marches des escaliers des tours: L'effort est un baume pour les corps fracassés. On se force, on se contraint, on s'oblige. La douleur recule, les marches défilent, le ciel se rapproche, tout devient facile. Plus je montais, moins les tours semblaient hautes. Il se demande enfin ce que signifie l'effondrement. Qui est, peut-être, la suite logique de ce que nous faisons subir à l'Histoire: L'oubli, le ricanement, la certitude de nous-même, l'emballement, l'hybris, le fétichisme de l'avenir... et, un jour, les cendres. Il conclut que, si nous ne saisissons pas l'occasion offerte dans le premier texte, si nous ne nous partons pas au chevet de notre reine, alors, on se dira que la flèche a bien fait de se retirer... [Francis Richard le 15 août 2019 ]