Nietzsche est un nom identifié à un cri de révolte contre le monde moderne, néanmoins, les incendiaires qui brûlent notre culture avérée se réclament de lui, de Marx et de Freud pour masquer une impuissance à bâtir. Rien de plus antiallemand, en ce temps de crise et de torture des âmes et des corps, et pourtant sa langue est celle d'une culture raffinée ; son éducation, d'un chrétien fervent ! Il aime pour haïr, il choisit non pas une voie pour sa direction, mais par refus des autres. Il fut décrit par la seconde épouse de Wagner comme un sophiste maladif, et la maladie, surtout la syphilis, acheva de ruiner son cerveau. Il rencontra l'opposition de ses maîtres, de nombreux savants et conserva la fidélité de ses amis.
Schopenhauer fut son système de jeunesse, mais lui-même impuissant à mûrir, restant l'enfant prodige, n'en eut aucun, car il ne pouvait pas plus embrasser une vaste philosophie que contenir dans sa mémoire, comme il l'avoue, une longue phrase mélodique de Wagner. Il croyait être aristocrate et se conduisait en "wahhabite" de la culture, au grand plaisir de ceux qui préparaient le grand chambardement du dernier siècle et n'ont pas fini de ruiner la santé physique et morale, économique de notre monde.
Faut-il ne pas séparer le Nietzsche proclamateur d'une nouvelle vision du monde de cet être maladif qui souffre de ne pas créer, comme Wagner, une oeuvre solide, et voir en lui un mirage de pensée, un homme d'exagération ? C'est le sens de cette étude qui met en évidence une absence chez lui de principes, et les mauvaises influences exercées sur un corps très tôt délabré dont l'esprit restera prisonnier. Qui a pris au sérieux son "Zarathoustra", le "Surhomme", expression déjà blâmée par Goethe dans son Faust et plagiée par lui ? Quel sens a le "retour éternel du même" en dehors d'un effet oratoire ?