Livre avec Réserves ! (3)
2/5 Plaisir de Lire .
.----. Il est certes facile d'accabler un homme sur qui reposait l'impérieux devoir de redonner à la monarchie française une auréole qu'elle avait perdue depuis longtemps . Il est tout aussi facile par ailleurs de voir que cet homme, au lieu de servir les intérêts de la France, a servi ceux des conjurés qui préparaient la mort du Roi et les massacres de la Terreur .
Ce livre nous présente un tout autre portrait de Necker : on y voit un homme bon, soucieux de conciliations, généreux et finalement incompris de tous . Ses intentions y apparaissent comme étant celles d'un grand réformateur, préposé au salut de la monarchie moribonde . L'auteur rend hommage aux vertus privées de cet homme, réelles certes, et voit en elles la garantie de son honnêteté . La Révolution a certes, sans doute, dépassé les intentions de Necker, mais sans lui, aurait-elle pu éclater dans les conditions que l'on connaît .
Voilà donc un livre dont nous déconseillons totalement la lecture : sa sincérité, l'élégance de son style, son intérêt anecdotique et la conviction de l'auteur risquent de détourner complètement le lecteur de la vérité historique moins idéalisée que la biographie qui nous est présentée .
Pour avoir une vue plus juste de ce personnage et de l'époque où il a vécu, nous conseillons la lecture du livre de l'Abbé Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme et des ouvrages qu'a consacrés Bernard Fay à cette passionnante période de l'histoire universelle . Remarquons à la décharge de G. de Diesbach, qu'il a eu l'honnêteté de citer ces ouvrages dans la bibliographie qui termine son livre . [ " Plaisir de Lire " , numéro 45 , Pâques 1979 ]
Livre avec Réserves ! (2)
2/5 Plaisir de Lire .
.----. Car Necker n'était-il, en réalité, plus préoccupé de satisfaire les intérêts de personnages obscurs tels que Philippe d'Orléans - dont on cherche en vain le nom dans ce livre - que ceux du Roi et de la France, malgré ses nombreuses professions de dévouement et de fidélité à la personne du Roi ? On sait que Louis XVI n'avaient pas confiance en cet homme et que ce n'est que malgré lui qu'il le rappelle au ministère après l'en avoir renvoyé . Ce n'est pas le lieu ici de discuter la responsabilité consciente ou inconsciente de Necker dans la préparation de la Révolution dite française ; constatons seulement qu'il fut, dans les faits, un de ceux qui permirent à la Révolution de déclencher ses horreurs, qu'il le voulût ou non . Necker a certes pleuré l'assassinat du Roi Louis : à ce moment il est vieux, retiré dans un village de Suisse, abandonné de tous . Le peuple qui l'a ovationné la veille, a tôt fait de l'accabler de son mépris : tel est le sort des fils de la Révolution .
Car, qu'il l'ait voulu consciemment ou qu'il ait été seulement poussé par les conjurés, Necker reste un produit de la Révolution : son déisme protestant en faisait une proie favorite des Lumières et des Loges ; ses clubs hebdomadaires accueillaient les philosophes théoriciens des idées nouvelles à Paris, tels que d'Alembert ; imbu du parlementarisme anglais, il avait de calquer la monarchie française sur un principe analogue . Qu'étaient-elles, en réalité, sa générosité et ses préoccupations sociales ou commerciales, sinon des moyens d'entraîner le peuple à l'insurrection contre le Roi, le Clergé et les nobles, ses emprunts successifs n'ont fait que plonger l'Etat dans une dette définitivement insolvable . ( suite ... ).
Livre avec réserves !
2/5 Plaisir de Lire .
.----.Necker est certes un personnage que l'histoire n'oubliera pas de sitôt : protestant gènevois, habile banquier, ministre des finances sous Louis XVI, il a joué un rôle considérable dans l'évolution politique de la société française au XVIIIème siècle . On sait combien fut troublé le règne de Louis XVI : le Trésor désespérait de se remplir, les philosophes sapaient les fondements de la monarchie, les clubs recrutaient de nouveaux adeptes aux théories nouvelles prêchées par la Franc-Maçonnerie .
Telles que les présente G. de Diesbach, les réformes imaginées par Necker auraient dû redonner à la monarchie française un minimum de stabilité : les réformes financières et fiscales auraient dû diminuer la dette publique, les réformes politiques entre autres le doublement du Tiers Etat, auraient dû restituer au Roi la confiance d'un peuple assailli par les idées révolutionnaires . Un tel portrait auquel s'ajoutent les descriptions louangeuses des vertus privées et publique de Necker, donne au lecteur une vision assez idyllique de ce personnage à propos duquel on peut se poser bien des questions . ( suite ... ).