Sainte Jeanne Jugan Morte le 29 août 1879, Soeur Marie de la Croix, née Jeanne Jugan, fondatrice des Petites Soeurs des Pauvres, a été déclarée vénérable le 13 juillet 1979 par le pape Jean Paul II, puis béatifiée le 3 octobre 1982 par ce même pontife qui, à la basilique Saint-Pierre de Rome, s'était exprimé ainsi : "Il est certain que la servante de Dieu Jeanne Jugan a pratiqué à un degré héroïque les vertus théalagales de foi, d'espérance et de charité, tant envers Dieu qu'envers le prochain, ainsi que les vertus cardinales et annexes". Elle a été canonisée pour ces mêmes raisons par le Saint-Père Benoit XVI Ie Il octobre 2009. Ainsi il a fallu 130 ans à la Sainte Eglise pour désigner définitivement à la ferveur populaire cette humble fille de Cancale, dont la charité a bouleversé le monde et que ses compatriotes appelaient alors "la grande Jugan" parce qu'elle était élevée en taille. Mais plus que par sa taille, ce fut par son âme que Jeanne était grande, comme le montre son premier biographe Mgr Trochu, dont l'ouvrage nous inspire cet article. Baptisée par un "constitutionnel" Née en pleine révolution, dans la nuit du 24 au 25 octobre 1792, Jeanne Jugan est placée dès le début sous le signe de la pauvreté, la vie dure. Dès le 25, on cherche un prêtre pour la baptiser et ce n'est qu'un curé constitutionnel que l'on trouvera. A six ans, elle voit son père, marin pécheur, mobilisé contre les Anglais, s'éloigner sur l'océan d'où il ne reviendra plus. C'est sur des ruines, près d'une église fermée, le long d'une côte balayée par le vent, aux calvaires profanés, que Jeanne, dont la main tient celle de sa maman, apprend à attendre et à espérer contre toute espérance. Et sa mère, sainte femme s'il en fut, lui faisait prier "la Maman suprême", Marie, l'étoile de la Mer. (...)