In memoriam Colonel Pierre Chateau-Jobert Le colonel Pierre Chateau-Jobert est décédé le 29 décembre 2005 à Caumont-L'Eventé (Calvados) à l'âge de 93 ans. Nous présentons à sa famille des condoléances d'autant plus émues qu'il avait tout quitté pour embrasser le mouvement contrerévolutionnaire afin d'essayer de sauver l'Algérie française et que ce sacrifice et cet idéal lui avaient coûté une carrière prestigieuse, une condamnation à mort et un long exil en Espagne, d'où, loin de se laisser abattre, il continua le combat des idées. Contrairement aux amalgames et aux clichés répandus dans les média de la désinformation, ce grand soldat ne fut pas un chef comme un autre, ni un opposé à l'abandon comme un autre, ni un dirigeant O.A.S. comme un autre. Bien qu'il fût toujours très solidaire de ses camarades officiers, notamment dans les grands cas de conscience et les révoltes de l'Armée, il trancha par ses modes d'action et par une doctrine qu'il essaya sans cesse d'approfondir. Il ne se contenta pas d'agir, il fut aussi un penseur, et il laisse des ouvrages importants que nous avons eu l'honneur de publier ou de promouvoir à D.P.F. En assistant à ses obsèques, célébrées le 3 janvier dernier en la vaste église Saint-Augustin de Sartilly, dans la Manche, tandis que l'inhumation eut lieu à Morlaix, dont il était originaire, nous avons constaté avec une légitime satisfaction la présence d'une cinquantaine de drapeaux et de très nombreux officiers et sous-officiers de réserve et d'active, en grande tenue, la plupart bardés de décorations. Tous avaient tenu à rendre un dernier hommage au camarade ou au chef aux côtés duquel ils avaient combattu sur tous les territoires où la France fut engagée durant ces soixante dernières années, et les plus jeunes voulaient exprimer leur reconnaissance et leur admiration au fondateur des écoles militaires de parachutistes de Lannion et de Pau. Un détachement d'Infanterie de Marine présentait les armes. Et "la prière des parachutistes" ne fut pas omise à la fin de la messe. A vrai dire, nous, ses amis civils, nous avions peur que, devant tant de galonnés, anciens et nouveaux, aux tendances sans doute diverses qui se fondent dans ce qu'on appelle "la Grande Muette", oui, nous avions peur que l'éloge funèbre, annoncé par le prêtre pour l'issue de la cérémonie, soit amputé de ce qui n'est pas conforme à la "pensée correcte", que la vie du colonel Chateau-Jobert soit tronquée de ses années "Algérie Française", bref, que l'opposant à l'abandon soit édulcoré au profit du Compagnon de la Libération. (...)