EDITORIAL La guerre continue ! Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la guerre d'Espagne n'est pas finie. Elle ne s'est pas terminée le 1er avril 1939 lorsque les troupes nationalistes, après avoir capturé et désarmé l'année rouge, eurent atteint leur dernier objectif militaire, mais elle a continué depuis et elle continue encore. Non plus sur le terrain, non plus par le fer et par le feu, mais dans la littérature, dans les livres d'histoire, dans les media et cela pour conquérir, ou plutôt pour conserver, l'opinion publique. Il s'agit, d'une part de faire oublier les crimes de la révolution communiste ou anarchiste et la complicité internationale dont les couvrit la Franc-Maçonnerie - c'est le coup bien connu du pickpocket qui crie "au voleur !" -, d'autre part de jeter l'opprobre sur l'adversaire, c'est-à-dire la Contre Révolution, en l'espèce le traditionalisme catholique et monarchiste espagnol allié au nationalisme. Un ancien combattant franquiste, Marcelo Gaya y Delrue, dans la présentation d'un livre de souvenirs qu'il publia en 1964, Combattre pour Madrid, observait très justement : "Un fait est curieux à noter, en ce qui concerne la guerre d'Espagne ; en face d'une marée de livres et d'un certain nombre de films campant les Rouges et leurs actions de façon sympathique, peu d'ouvrages ont été publiés qui représentent une image peut-être un peu plus crue, mais combien plus exacte des hommes et des faits. "Les Communistes ont, en effet, eu l'habileté de diffuser des récits dans lesquels ils sont généralement pleins de courage, de manières fort convenables et soutiennent un combat inégal, les mains nues ou presque, à un contre dix. Vous savez ce que dit la sagesse des nations : "II n'y a pas de fumée sans feu...". Petit à petit, cette image d'Épinal du combattant rouge s'est imposée. Les intellectuels de tous les pays (...) n'en ont pas demandé plus" (Marcelo Gaya y Delrue : Combattre pour Madrid (Mémoires d'un officier franquiste). Éd. de la Pensée Moderne, Paris, 1964). (...)