EDITORIAL "L'année de l'Algérie en France" Après avoir crié "Vive l'Algérie française !" et promis d'assurer aux rebelles de l'intérieur "la paix des braves" en les invitant à laisser "les poignards aux vestiaires", on sait que De Gaulle a liquidé dans un effroyable bain de sang non seulement les européens civils et militaires, ainsi que les harkis, favorables à la France, mais aussi des combattants de l'intérieur qui voulaient se rendre - qu'on se souvienne de l'affaire Si Salah ! - en les livrant aux couteaux des égorgeurs. Tout cela pour négocier avec le seul G.P.R.A., gouvernement fantoche de communistes en exil, formés à Moscou et dans les pays de l'Est, qu'il avait publiquement récusés comme "interlocuteurs valables" afin de mieux, dans sa duplicité, asseoir leur dictature. C'est ainsi que l'Armée française, victorieuse sur le terrain, a été battue après la perte de l'Indochine. C'est ainsi, en outre, que, sans un coup de feu, Boumedienne, ses commissaires politiques et sa bande, dite "Armée de Libération Nationale" (ALN) ont pu franchir la ligne Morice, s'installer au pouvoir, imposer aux Algériens "indépendants" la férule d'une nomenklatura, qui fit aussitôt main basse sur les hydrocarbures sahariens découverts par la France et que De Gaulle avait fait semblant de préserver, lors des "accords" d'Evian... que le GPRA ne signa même pas ! Cette nomenklatura des "généraux", qui se perpétue depuis, y compris sous Bouteflika, a généré - c'est le cas de le dire - des maffias qui s'en mettent plein les poches grâce à ce pactole, au mépris des richesses diversifiées qu'avait su faire fleurir une colonisation bienfaisante de cent-trente ans (l'agriculture, le tourisme, etc... , ont été anéantis) et au mépris d'une explosion démographique qu'elle pousse au chômage et à l'émigration, avec les arrière-pensées que l'on sait. C'est dans ce contexte que le tapis rouge a été déroulé pour la visite de Bouteflika en France en l'an 2000 et, cette année, pour la visite de Chirac en Algérie. Le journal "Le Monde" a inauguré cette "nouvelle ère" qui n'est que la continuation de la précédente par des encarts publicitaires tendant à faire croire que l'Algérie (sans la colonisation, bien sûr, et haro sur elle !) est en train de redevenir un "petit paradis". (...)