Allons-nous vers une catastrophe économique mondiale ? Les prophètes de malheur abondent parmi nos écrivains de la classe dominante, comme un Emmanuel Todd, assuré de la dévotion des media relayés par les discours universitaires. Cet auteur prédit l'écroulement prochain des Etats-Unis : "une panique boursière d'une ampleur jamais vue, suivie d'un effondrement du dollar, ce qui aurait pour effet de mettre un terme à la puissance économique impériale des Américains". Par contre, pour Anton Brender, "c'est l'Europe qui est au bord du précipice... A cause de la fragilité de l'euro, du Moyen Orient, du prix du pétrole, qui peut monter... les Européens risquent une quasi récession... le dégonflement d'une bulle boursière de la taille de celle de 1929". L'image de 1929 fait recette dans l'inconscient des économistes distingués. Marc Varangot, dans un article fort intéressant et dont nous conseillons la lecture, prévoit aussi un effondrement prochain de la puissance américaine mais, fort justement, il prévoit que, si cet effondrement a lieu, il entraînera le nôtre, grâce à la mondialisation des échanges, la planète n'étant plus qu'un "village global" entièrement colonisé par les capitaux américains. Pour cet auteur, les Etats-Unis, dont l'ensemble du système économique est vicieux, "dévalueront leurs dettes et, exportant leur déflation, feront baisser le dollar fortement, leur arme classique de 1929 à Nixon ("the dollar is your problem" nous disait-il). Le "dollar-refuge" montrera son vrai visage : la dévaluation compétitive de la "monnaie de réserve", qui draine le plus gros de l'épargne mondiale, sera meurtrière pour l'avenir du "village global" et des échanges mondiaux, sur fond de "chacun pour soi" ; il y aura une crise bancaire et une récession mondiale sévère avec des relents des années trente". (...)