La guerre de 1870 (Signe de l'abaissement et du discrédit de la France) par Yves Amiot En 1789, la France est la plus grande puissance d'Europe, la plus riche, la plus peuplée, celle qui possède l'armée la plus moderne que complète la flotte victorieuse de la guerre d'Amérique. De plus l'Espagne et l'Autriche sont ses alliées ; l'Allemagne, morcelée, est impuissante ; l'Italie n'existe pas ; et la Russie reste encore à I'état sauvage. En 1870, 80 ans plus tard, la France battue, écrasée, humiliée n'est plus qu'une puissance secondaire, une puissance subalterne et, jusqu'à nos jours, malgré quelques sursauts héroïques et bien des rodomontades, elle le restera. La guerre de 1870-71 a sonné le gins de nos illusions ; elle a réuni, synthétisé en quelque sorte, toutes les raisons pour lesquelles nous sommes tombés si bas en venant de si haut. En fait, toutes ces raisons peuvent se résumer en une seule : les ravages de l'esprit révolutionnaire qui a détruit l'unité nationale, fondée sur l'union simple et forte d'une dynastie et d'un peuple, cimentée et inspirée par l'Eglise catholique. Un siècle de crimes, de désordres, de sottises et surtout d'impiété, cause première de toutes les autres, vu se payer alors du prix du sang et du déshonneur. Voyons comment les choses se sont passées pour en tirer quelques leçons. En 1814, quand la France retrouve ses rois légitimes après la tourmente révolutionnaire, elle a certes perdu sa prépondérance mais garde des atouts ; elle demeure la grande puissance de l'Europe continentale. Les leçons de la Révolution peuvent lui permettre de chasser ses démons, de retrouver le pouvoir qui a fait sa grandeur et la foi qui lui a donné son élan. Il lui faut donc un régime d'autorité - qui n'est pas un régime autoritaire d'ailleurs et une Eglise souveraine, dont l'influence et la doctrine lui permettront de panser ses plaies et de résoudre les nouveaux problèmes que lui pose une société qui, de rurale, devient à dominante urbaine. De 1814 à 1870, trois tentatives successives seront faites dans ce sens, toutes trois d'ailleurs d'une durée de 15 à 18 ans - le temps qu'une génération oublie les leçons de sa devancière - et ce seront trois échecs. Chaque fois la France se retrouvera plus bas jusqu'à la catastrophe finale. (...)