Lepante Les galères du Christ par Huguette Pérol (Ed. Clovis) Pour les enfants et... pour les grandes personnes, ce petit chef-d'oeuvre, bien que romancé, est bâti autour d'un héros : don Juan d'Autriche, mais en même temps construit de telle sorte que le lecteur embrasse d'un seul regard l'état et les motivations des forces en présence, ainsi que ce qui se passe à Constantinople et à Rome, dans les palais du sultan Selim II et du pape Saint Pie V. En effet, la technique qui consiste à faire alterner, souvent au sein d'un même chapitre, sur un même champ d'opérations - la Méditerranée des scènes ottomanes et des scènes chrétiennes, est un art consommé dans lequel Huguette Pérol excelle. On voit très bien monter progressivement le choc frontal du Croissant embouti par la Croix, selon l'ordre de bataille des galères de Mahomet et des galères du Christ. "Sur le champ de bataille de Lépante, écrit l'auteur, Ali pacha avait amené 88 000 hommes. 25 000 sont morts, 8 000 ont été faits prisonniers. Leurs 12000 esclaves ont été libérés. 190 de leurs galères sont tombées aux mains des chrétiens... "Des 84400 chrétiens de la Sainte Ligue (commandée par don Juan), 7650 sont morts, 7784 ont été blessés". En conclusion de cette victoire, Huguette Pérol écrit encore : "L'Eglise catholique connut, après la bataille de Lépante, un renouveau liturgique (avec l'unification du rituel de la messe), diplomatique (avec le corps des nonces, ambassadeurs auprès des pays étrangers), artistique enfin (avec l'achèvement de la coupole de Saint-Pierre). "Si la victoire de don Juan d'Autriche n'avait pas anéanti l'empire ottoman, elle avait mis un frein à l'expansion de l'islam. "Pour l'Occident chrétien qui avait vécu dans la peur, le soulagement était immense, même si subsistaient certaines menaces et le risque de nouveaux conflits. "Après Lépante, pourtant, l'heure était à la joie, et l'Année Sainte proclamée par le pape en 1575 fut un grand moment de ferveur et d'actions de grâces". (...)
