N°283 Sept 2000 - Le Saint Suaire : entretiens avec D Raffard de Brienne

Extrait de l'entretien avec Daniel Raffard de Brienne Jean Auguy - Depuis vingt ans vous collaborez avec notre centre de Chiré-en-Montreuil et vous avez même été pour notre revue Lecture et Tradition un auteur majeur puisque vos neuf numéros spéciaux spécialement conçus pour la diffusion, ont été réimprimés à 10000 exemplaires et plusieurs fois ; ils ont donc circulé bien au-delà de nos abonnés. Pour vous, que représente le centre de Chiré ? Daniel Raffard de Brienne - Je répondrais bien : un miracle, mais ce serait peut-être trop réduire la part du dur travail des hommes. Alors je dirai : un radeau de survie. Tandis que tout disparaissait sous le raz-de-marée révolutionnaire et conciliaire (c'est tout un) et qu'il ne restait que rari nantes in gurgite vasto, Chiré a accueilli les idées et réuni les hommes. Son action a été capitale au moment le plus dangereux. Elle le reste encore alors que des renforts, qui doivent en grande partie à Chiré d'exister, ont pu rejoindre le bon combat. Vous voulez bien remarquer que mes plaquettes de Lecture et Tradition ont touché un public extérieur à notre cercle. Je pense que le problème actuel est de parvenir à étendre l'audience de notre "famille de pensée" face au quasi-monopole de la "pensée" unique. En réalité, cela se fait déjà, mais bien lentement. Mais, compte tenu de l'abrutissement général, peut-on faire plus ? J.A. - La baisse considérable de la lecture vous inquiète beaucoup, allons-nous vraiment vers une ère de chiens de Pavlov obéissant aux ordres de l'audiovisuel, considérablement aggravé par l'Internet ? Je crois en effet que ce dernier avatar, pour quelques exceptions l'utilisant bien, formera essentiellement des personnes déboussolées, uniquement capables de "zapper" pendant des heures. D.R.B. - Nous sommes déjà à l'ère des chiens de Pavlov. D'autre part, sauf de précieuses exceptions, les jeunes générations sont de plus en plus barbares, sans culture, ne sachant plus lire, mais seulement déchiffrer. La minorité de vrais lecteurs abandonnera-t-elle la lecture des livres pour celle des écrans ? Je ne le pense pas. Après une certaine vogue et compte tenu d'un possible usage raisonnable de ces écrans, il apparaîtra que le livre conservera une place qu'aucun Internet ne peut occuper. (...)