Le Cheval Rouge par Eugenio Corti (Editions L'Age d'Homme) Lecture de Claude Mouton-Raimbault : Habitués que nous sommes, nous Français, à étudier l'Histoire de notre point de vue, nous avons du mal à imaginer les réalités auxquelles les autres peuples sont aussi confrontés. Ainsi, dans le subconscient du Français moyen, que reste-t-il de l'Armée italienne, sinon l'image du chacun pour soi, de la pagaille et de la débandade ? Certes, les clichés ont parfois un fond de vérité, mais ils sont le plus souvent injustes, car ils ne tiennent pas compte des nuances et des diversités, voire des richesses spirituelles et morales qui, en fin de compte, ramènent les choses à leurs vraies valeurs. Dans la première partie de ce roman historique - dont les faits ont été dûment vérifiés par maints spécialistes -, Eugenio Corti nous conte l'épopée des soldats italiens mobilisés par Mussolini aux côtés des Allemands, durant la dernière guerre, et plus particulièrement sur le front de l'Est pour combattre le communisme. Mais ses héros ne sont pas des fascistes. Bien au contraire, ce sont pour la plupart de jeunes étudiants catholiques, issus de milieux populaires ruraux ou industriels de Nomana et de ses environs, dans la Brianza, en Lombardie. Ils ont, dirions-nous, la fibre traditionaliste et contrerévolutionnaire, en ce sens que, à l'ombre de leurs clochers, formés par de bons prêtres, leur vie est empreinte de pureté et de prières, et qu'ils sont suffisamment armés pour se méfier des idéologies matérialistes. Alors que leur destinée semble toute tracée, la guerre les surprend et, comme leurs études leur permettent de partir avec un certain grade, les voilà propulsés en tête de ligne ou à des postes de responsabilités. Plus que chefs, on constate qu'ils sont chefs naturels, car ils sont aimés de leurs hommes. L'un d'eux notamment - Ambrogio Riva -, grièvement blessé, en réchappera grâce au dévouement sans bornes de son ordonnance, un solide paysan. (...)