Pétain et les Allemands par Jacques le Groignec Au fil des années, le général le Groignec braque le projecteur sur les différents aspects de la personnalité et de la politique de Philippe Pétain. Son premier ouvrage, "Entre ciel et terre" (1988) est comme une introduction à ceux qui ont suivi : "Pétain, gloire et sacrifice" (1991), "Le Maréchal et la France" (1994), "Pétain et les Américains" (1995), tous parus aux Nouvelles Editions Latines. Il présente aujourd'hui un "Pétain et les Allemands" qui nous fait penser que le Maréchal, qualifié par certains de républicain, s'inscrit, à bien y regarder, dans la grande tradition des quarante rois qui firent la France et qui luttèrent pour son unité et son indépendance. "C'est au baptistère de Reims que fut fondée sur des assises solides l'unité française", écrivait en 1938 le vainqueur de Verdun à l'abbé Bourdon, indiquant par là que son "nationalisme" n'avait rien de jacobin mais se nourrissait de l'universalisme de la religion catholique. Il ne faut pas oublier qu'il avait été élevé et instruit par un oncle prêtre et que, même s'il fit par la suite un mariage difficile, le grain que ce prêtre avait semé dans son enfance était resté dans son coeur pour fructifier dans sa vieillesse, alors que tout semblait perdu. De ce fait, l'aversion de Philippe Pétain pour les envahisseurs nazis et leur idéologie - de même que pour l'idéologie communiste - n'avait d'égale que son désir d'une réconciliation avec l'Allemagne et avec tous les peuples. "Je veux oublier toutes les guerres, disait-il encore, je ne veux plus connaître que les dates des traités de Paix". Malheureusement, ce "monarque", qui désirait entre les deux guerres réformer l'Education nationale, était né en République, et celle-ci n'offrait que le visage de la désagrégation morale et de la décadence, le forçant à résister avec les moyens du bord, tant il est vrai que la politique, depuis 1789, pour un homme de bien, n'est plus que l'art du peut-être. (...)