N°175 Sept 1991 - Le tombeau du paysan, le maréchal Pétain, Cosmos et création

Editorial (extrait) par Jean-baptiste Geffroy : Encore une fois la question paysanne me direz-vous ! Je la crois pourtant trop capitale, trop inséparable de nos idées pour lui refuser quelques pages de Lecture et Tradition. D'autant que le hasard de certaines lectures fait parfois bien les choses. François Brigneau nous contait récemment la navrante mésaventure de l'ancien champion cycliste Bernard Hinault qui vend la ferme de quatre cents hectares qu'il s'est offerte naguère avec ses gains sportifs (1). La raison en est qu'aujourd'hui, avec les règlements imposés par Bruxelles, même en travaillant quatorze heures, par jour, il n'est plus possible de faire tourner une exploitation laitière et d'élevage. Pourtant l'idée était belle, je dirais presque exemplaire. Quand tant d'anciens dieux des stades finissent dans l'argent facile de futiles ou d'équivoques reconversions, voilà un garçon qui rêvait simplement d'un retour aux sources, d'un retour à la terre bretonne. Et cependant, le rêve de Hinault s'est évanoui devant la scandaleuse réalité : dans cette France qui fut le royaume de la paysannerie, il est impossible, non pas de devenir, mais de redevenir paysan. Hinault avait rêvé d'en chausser les sabots; il a fini par s'apercevoir qu'il n'avait revêtu que le bleu de travail précaire de l'exploitant agricole. Celui-ci est déjà bien malade; mais le paysan, lui, est mort ou moribond.