Editorial (extrait) par Jean-Baptiste Geffroy : Un esclave, je ne dis pas un bon esclave, mais un esclave quelconque, ne supporte pas qu'on injurie son maître : s'il peut le faire, il le vengera. Un soldat défend son roi, même au péril de sa vie et au besoin en faisant un rempart de son corps. Le chien de garde aboie au moindre flair, s'élance au premier soupçon. - Vous, vous entendez dire que le Christ, le vrai Fils de Dieu, n'est pas Dieu, votre silence est une adhésion à ce blasphème, et vous vous taisez ! Saint Hilaire à ses frères dans l'épiscopat, Constantinople, 359. Mgr Lefebvre n'est plus. L'Eglise mesurera sans doute un jour non seulement l'immensité de cette perte, mais aussi la faute capitale de ses clercs, de sa hiérarchie, de ses intellectuels de l'avoir persécuté et rejeté, en dépit du plus simple bon sens, en dépit des principes Ies plus élémentaires de la justice, de la charité, de la vérité. Je gage que ce quart de siècle de souffrances saintement acceptées, humblement offertes par lui au Père vaudront à l'Eglise une part de sa renaissance et de son salut. On a tout dit ou presque sur cette personnalité exceptionnelle, sur l'exemplarité de sa vie, sur les étapes pathétiques de sa mission, sur l'ampleur de l'oeuvre réalisée : la foi intégralement gardée, le sacerdoce sauvé, la liturgie préservée. A bien chercher dans l'histoire de l'Eglise, Il semble que saint Athanase a trouvé avec l'ancien archevêque de Dakar une sorte de successeur. A seize cents ans de distance, rien ne manque à la comparaison. A bien des égards, le IVe et le XXe siècles se ressemblent dans les idées, dans les hommes, dans les institutions.