N°165 Nov 1990 - XX° journée chouanne autour du colonel Argoud

Editorial : Bernard de CLairvaux, un saint pour notre temps Il n'était pas possible de passer sur l'anniversaire ni sur le souvenir d'un tel homme. Il est aussi très difficile pour un éditorialiste d'en parler convenablement. La sainteté ne rend souvent de telles individualités approchables que par des enfants ou de grands savants, comme naguère un Etienne Gilson ou plus récemment comme M. Ivan Gobry. La "carte intellectuelle" s'impose donc et me permet d'évoquer le très beau livre que le professeur Ivan Gobry vient de consacrer à saint Bernard. Chacun sait que M. Gobry, tout à la fois philosophe et historien est un spécialiste incontesté du monachisme occidental. Il lui revenait donc presque naturellement d'évoquer cette personnalité exceptionnelle du fondateur de Cîteaux et de Clairvaux, pilier du Siège romain, théologien inspiré et mystique profond, qui mena une lutte acharnée contre l'hérésie et le schisme. L'épopée de saint Bernard, car c'en est une, c'est d'abord celle d'une famille ; une famille de Bourgogne au sein de laquelle il est né, il y a de cela un millénaire, en 1090, de "parents illustres selon le monde, nous assure Guillaume de Saint Thierry, mais bien plus illustres et nobles selon la piété chrétienne". Dans cette aventure, il entraînera avec lui son oncle et ses cinq frères et même Elizabeth, la femme de son frère Guy dont une guérison miraculeuse vainquit la résistance initiale. Elizabeth entra avec ses deux filles au monastère de Jully-sous-Ravières. Le monastère, la vie monastique, fut l'obsession constante de Bernard, tant il était convaincu que la quête du Royaume de Dieu passait par le labeur incessant des communautés monastiques. L'époque pouvait en effet lui donner quelque souci. Bernard déplorait la déliquescence des monastères, trop souvent rongé par la vie facile et une règle assouplie jusqu'à l'affaissement. (...)