N°157/158 Mars/Avril 1990 - Il y a 10 ans : Jacques d´Arnoux

Editorial (extrait) par Jean-Baptiste Geffroy : Les interventions récentes des cardinaux Decourtray et Lustiger sur la situation dans les pays de l'Est et sur le communisme en ont surpris plus d'un; elles en auront sans doute réjoui d'autres. J'avoue pour ma part avoir été affligé devant cette tardive et maladroite volte-face que l'opinion publique, désormais habituée aux valses-hésitations de l'épiscopat français, taxera d'insincérité. Le lapsus de l'archevêque de Lyon confondant Quadragesimo anno et Divini redemptoris, pitoyable mais somme toute logique, n'a, au demeurant, rien fait pour la rendre plus crédible. Il aura donc fallu l'effondrement (d'ailleurs encore incertain) des régimes communistes européens pour que Leurs Eminences admettent l'existence de "complaisances", d'une "complicité" vieille de près d'un demi-siècle avec un système philosophique et politique condamné par l'Eglise, complicité qu'elles qualifient d'" escroquerie intellectuelle qui consistait à parer de l'idéal de générosité ce qui n'était qu'un totalitarisme" (Cardinal Lustiger). Et d'ajouter devant nos oreilles abasourdies et peu habituées à un tel langage : "L'alliance tactique entre les Occidentaux et spécialement les Etats-Unis et Staline pour écraser le nazisme, il faudra y réfléchir. Peut-on s'allier avec le Diable pour vaincre le Diable ?" Ainsi donc le combat contre le communisme que nous avons proclamé, martelé, poursuivi à temps et à contretemps, sous les moqueries" sous les censures, les injures, le mépris était-il juste et fondé ?