Le témoignage de mère Pascalina et de gertrud Von Le Fort Un entretien de Henri Servien avec Joël Pottier (extrait) H.S. - Cher ami , votre traduction des souvenirs de Mère Pascalina (1) a dû être, comme toute traduction, une réécriture. Le lecteur français apprécie ce beau livre, au style très enlevé. Quelles ont été pour vous les principales difficultés ? J.P. - Permettez-moi tout d'abord de dire quel enrichissement intellectuel, quelle grâce aussi ce fut pour le traducteur que de pouvoir ainsi, pendant des mois, vivre en quelque sorte dans l'intimité d'un pontife et d'un homme tel que Pie XII. J'ai découvert aussi l'attachante personnalité de Mère Pascalina : sa vénération pour Pie XII, bien sûr, et son dévouement quasi maternel à son égard, spécialement durant sa maladie, mais aussi sa forte volonté, sa ténacité, son esprit d' initiative (par exemple durant la Seconde Guerre mondiale). Et, couronnant toutes ces qualités, une foi limpide, qui déplaçait des montagnes, usant parfois d'innocentes, mais efficaces ruses, comme celle grâce à laquelle Mère Pascalina finit par obtenir que saint Joseph ait son autel dans la basilique Saint-Pierre ! Mais j'en viens, cher Henri, à votre question. On sait quelle influence peut avoir sur la réception d'une oeuvre étrangère l'exactitude de sa traduction. Et votre question me fait, de façon très personnelle, prendre conscience de l'immense responsabilité qu'est celle du traducteur. Car, de ce que vous appelez "réécriture" à l'infidélité, il n'y a souvent qu'un pas. L'adage italien bien connu parle carrément de trahison ; j'espère sincèrement qu'il ne s'appliquera pas à mon travail...