Le Syllabus (Conférence du 2 septembre 1984) Quand, le 8 décembre 1864, Pie IX rend publique l'Encyclique Quanta cura et le Syllabus qui est joint, qu'entend-t-il faire ? II le dit dans une phrase poétique : il se propose d'écarter les fidèles "des pâturages empoisonnés". Ses prédécesseurs, dit-il, "n'ont jamais rien eu de plus à coeur que de découvrir et condamner... toutes les hérésies et les erreurs... qui ont fréquemment soulevé de violentes tempêtes et lamentablement souillé l'Eglise et la Cité". Ils ont, ces mêmes prédécesseurs, "constamment opposé la fermeté apostolique aux machinations criminelles d'hommes impies, qui projettent l'écume de leurs désordres comme les vagues d'une mer en furie et promettent la liberté, eux, les esclaves de la corruption", et veulent "ébranler les fondements de la religion catholique et de la société civile par leurs fausses opinions..." Dès son élévation au pontificat, il a vu, dit-il, se développer les "doctrines perverses". Ces opinions s'opposent essentiellement, non seulement à l'Eglise catholique... mais encore à l'éternelle loi naturelle... C'est d'elles que presque toutes les autres erreurs tirent leur origine. Que visent-elles ? "Elles cherchent à faire disparaître cette mutuelle alliance et cette concorde entre le Sacerdoce et l'Empire, qui s'est toujours avérée propice et salutaire à la Religion et à la Société." L'erreur fondamentale de ces "novateurs" consiste en ceci qu'ils soutiennent que "le meilleur régime politique et le progrès de la vie civile exigent absolument que la société humaine soit constituée et gouvernée sans plus tenir compte de la Religion que si elle n'existait pas ; ou du moins sans faire aucune différence entre la vraie et les fausses religions". Ils proclament que "la liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme". Ce qui est tout bonnement proclamer "la liberté de perdition". De la loi divine, on passe à une loi purement humaine. Comment se dégage-t-elle ? "Par la volonté du peuple qui se manifeste par ce qu'on dit être l'opinion publique", et cette "loi suprême, dégagée de tout droit divin et humain", aboutit à cette situation que "dans l'ordre politique les faits accomplis, par cela même qu'ils sont accomplis, ont force de droit". Et c'est ainsi, qu'insensiblement, mais logiquement, on passe de la démocratie politique à la démocratie religieuse. (...)