Editorial Voeux de fraternité A Noël dernier, le pape François a offert ses "voeux de fraternité." En effet, a-t-il expliqué, Dieu est un Père bon et nous sommes tous frères. Cette vérité est à la base de la vision chrétienne de l'humanité. Sans la fraternité que Jésus-Christ nous a offerte, nos efforts pour un monde plus juste s'essoufflent, et même les meilleurs projets risquent de devenir des structures sans âme. C'est pourquoi mes voeux de joyeux Noël sont des voeux de fraternité. Fraternité entre les personnes de chaque nation et culture. Fraternité entre les personnes d'idées différentes, mais capables de se respecter et d'écouter l'autre. Fraternité entre les personnes de religions différentes. Jésus est venu révéler le visage de Dieu à tous ceux qui le cherchent. Et le visage de Dieu s'est manifesté dans un visage humain concret. Il n'est pas apparu dans un ange, mais dans un homme, né dans un temps et dans un lieu. Et ainsi, par son incarnation, le Fils de Dieu nous indique que le salut passe par l'amour, l'accueil, le respect de notre pauvre humanité que nous partageons tous dans une grande variété d'ethnies, de langues, de cultures..., mais tous en tant que frères en humanité ! Alors nos différences ne sont pas un préjudice ou un danger, elles sont une richesse. Comme pour un artiste qui veut faire une mosaïque : c'est mieux d'avoir à disposition des tesselles de plusieurs couleurs plutôt que des tesselles de peu de couleurs ! L'expérience de la famille nous l'enseigne : entre frères et soeurs, nous sommes différents les uns des autres, et nous ne sommes pas toujours d'accord, mais il y a un lien indissoluble qui nous lie et I'amour des parents nous aide à nous aimer. Il en est de même pour la famille humaine, mais ici c'est Dieu qui est le "géniteur", le fondement et la force de notre fraternité. Que cette fête de Noël nous fasse redécouvrir les liens de fraternité qui nous unissent en tant qu'êtres humains et lient tous les peuples. Nous avons cité assez longuement ce texte pontifical pour pouvoir l'analyser en toute objectivité. Nous dirons qu'il énonce une vérité, mais qu'il en omet une autre, si bien qu'il oriente dans une direction fausse. Ce texte énonce une vérité Il est vrai que Dieu a créé le monde entier, en particulier les hommes, et qu'il veille paternellement sur eux par sa Providence. Dans ce sens le Catéchisme du concile de Trente affirme : Quelques-uns, même de ceux dont la foi n'avait pas éclairé les ténèbres, avaient compris cependant que Dieu est une substance éternelle, que tout émane de lui qu'il gouverne et conserve, par sa Providence, l'ordre et l'état de tout ce qui existe. Et de là, voyant que les hommes appellent Père celui qui est l'auteur d'une famille, et qui continue de la diriger par ses conseils et par son autorité, ils donnèrent également ce nom de Père à Dieu, qu'ils reconnaissaient comme le créateur et le gouverneur de toutes choses. Les saintes Écritures elles-mêmes emploient ce mot lorsque, en parlant de Dieu, elles lui attribuent la création, la puissance suprême et cette providence qui régit si admirablement l'univers. Nous y lisons en effet : "N'est-ce pas le Seigneur qui est votre Père, qui est votre Maître qui vous a faits et tirés du néant ?" (Dt 32, 6) . Et aussi : n'est-ce pas lui qui est notre seul Père ? n'est-ce pas Dieu seul qui nous a créés ? (Mat 2, 10). Tous les hommes peuvent donc se dire frères parce qu'ils ont pour Père le Dieu Créateur et Providence. Ils peuvent aussi se dire frères parce qu'ils descendent tous des mêmes premiers parents, Adam et Ève - c'est pourquoi Adam est appelé "le père du genre humain" par le Catéchisme du concile de Trente - , et aussi, de manière plus proche, ils descendent tous de Noé et de sa femme. Mais le texte omet une autre vérité Ce que le texte pontifical ne dit pas, ni dans l'extrait que nous avons cité ni dans le reste du texte, c'est que Dieu est dit Père d'une manière toute particulière pour les hommes qu'il adopte en leur donnant une participation à sa vie divine. Le Catéchisme du concile de Trente explique : Dans les livres du nouveau Testament , Dieu est appelé bien plus souvent et d'une manière bien plus spéciale le Père des chrétiens, "puisqu'ils n'ont pas reçu l'esprit de servitude qui fait vivre dans la crainte, mais l'esprit d'adoption des enfants de Dieu, par lequel nous crions : Père ! Père !" (Rm 8, 15) - "Car le Père nous a témoigné tant d'amour que nous sommes appelés, et que nous sommes réellement les enfant s de Dieu" (ln 3, 1). "Que si nous sommes enfants, nous sommes héritiers de Dieu et cohéritiers de Jésus-Christ" (Rm 8, 17), - "qui est le premier-né de plusieurs frères" (Rm 8,29) - et qui ne rougit pas de nous appeler ses frères" (He 2, Il ). (Extrait de l'éditorial)