N°106 Mars/Avril 1984 - Cardinal Pie

Le cardinal Pie, un apôtre pour notre temps Il y a déjà plus de trois ans que fut célébré le centième anniversaire du décès du cardinal Pie qui mérita, par l'excellence de son enseignement catholique, d'être surnommé "le saint Hilaire du XIXè siècle". Notre revue avait eu l'intention de célébrer dignement, en 1980, un centenaire qui revêtait pour nous d'autant plus d'importance que notre équipe a toujours voulu s'inspirer de la doctrine politique et sociale de l'illustre évêque de Poitiers. Mais il arrive, hélas, souvent, que les projets les mieux mûris se voient contrariés par les imprévisibles tracas dont la vie moderne est prodigue ; si bien que les retards de certains articles, les défaillances de quelques auteurs - dont les études promises n'ont jamais vu le jour - et l'urgence de certains thèmes se sont conjugués pour provoquer le retard de trois ans avec lequel paraît ce numéro spécial consacré au cardinal Pie. Nous prions nos lecteurs de bien vouloir nous en excuser et nous leur souhaitons de recevoir tout le réconfort possible au contact de la doctrine sûre et forte de ce pontife intrépide que l'Eglise - nous l'espérons fermement - placera un jour au nombre de ses docteurs, en compagnie peut-êtr e de son auxiliaire, Mgr Gay, évêque d'Anthédon, qui fut un des grands maîtres de la théologie ascétique et mystique au siècle dernier. Le cardinal Pie, pour sa part, fut par-dessus tout l'apôtre du Christ et le héraut de la Vérité qu'Il est venu apporter aux hommes ; il proclama donc le dogme catholique, défendit sa pureté qui ne doit pas tolérer la souillure de l'erreur, et prophétisa aux chrétiens qu'il était nécessaire d'appliquer hardiment la vérité du Christ dans tous les domaines de la vie sociale et politique. Trois idées-forces constantes dominent l'enseignement du grand évêque de Poitiers : la nécessité du règne social du Christ pour le salut des nations qui se perdent sans Lui, l'inéluctabilité de ce règne et enfin la vocation toute spéciale de la France à le réaliser. Ce fut en 1849, le jour même de son sacre dans la cathédrale de Chartres, qu'il exposa dans sa première lettre pastorale aux Poitevins cette nécessité impérieuse - et combien actuelle de nos jours - du retour à Jésus-Christ : "Toute solution humaine est désormais impossible ; il ne reste à notre société qu'une alternative ; se soumettre à Dieu ou périr. Rien ne sera fait tant que Dieu ne sera pas replacé au-dessus de toutes les institutions. On parle beaucoup aujourd'hui d'un grand parti de l'ordre et de la conciliation. Un seul parti pourra sauver le monde, le parti de Dieu. (...)