N°099 Janv/Fév 1983 - J-Fr Chiappe, la révolution corporative spontanée. J Paillard

"Défense de l'Occident" décembre 1952 - décembre 1982 Après trente années de combats très souvent solitaires, "Défense de l'Occident" n'existe plus. Fondée en 1952 en pleine quatrième république triomphante où les partis chamailleurs et complices à la fois tenaient le haut du pavé politique. Maurice Bardèche et ses collaborateurs de la première heure avaient souhaité que cette revue puisse accueillir, "avec l'esprit le plus ouvert, l'expression de tendances différentes des (leurs) et d'y ouvrir un dialogue avec des hommes parfois éloignés (d'eux) mais avec qui ils pourraient toujours trouver un accord sur ce qui leur a toujours paru essentiel : la défense des valeurs menacées de la civilisation occidentale et le refus d'un certain aspect du monde moderne." Trente ans après, on peut se demander si les valeurs, mêmes menacées d'alors ne sont pas apparemment enterrées et si le monde moderne n'est pas en train de s'écrouler avec masochisme sous une monumentale et ennuyeuse perversion. Dans sa tribune de "Défense de l'Occident", Maurice Bardèche a dépisté à longueur de mois les maladies s'attaquant à une société qui, si ignoble était-elle car issue de la trinité républicano-maçonnique, conservait cependant quelques colonnes solides qui garantissaient contre la destruction. On s'interroge aujourd'hui pour savoir si les sentinelles traditionnellement vigilantes sont bien encore présentes aux créneaux ou si elles ne jouent pas le rôle de ce sot bourgeois d'Orgon qui n'hésite pas à installer Tartuffe sous son toit. C'est contre ces sots impardonnables que Maurice Bardèche s'est battu. Avec une sorte de lucidité divinatoire, qualité beaucoup plus rare que l'on pense chez les observateurs de la comédie publique, il a su désigner avec précision les porteurs de germes mortels qu'il convient d'écarter immédiatement au risque de contaminer ce qu'il y a encore d'à peu près sain. (Maurice Bardèche) "Nous pouvons peu de choses sur les événements. Mais souvenons-nous que, même dans une sphère restreinte, chacun de nous doit penser à deux tâches pratiques qui sont à notre portée : premièrement, ne perdez aucune occasion d'augmenter la haine et le mépris qu'inspirent les politiciens incapables du régime et aidez au développement de l'antiparlementarisme dans le pays ; deuxièmement, faites pression sur tous les milieux influents pour qu'ils exigent le plus tôt possible les mesures de dêmentèlement du parti communiste, car il ne faut pas que dans la crise qui peut s'ouvrir un jour, l'ennemi de l'intérieur impose ses solutions." Pendant une huitaine d'années, j'ai collaboré à peu près régulièrement à "Défense de l'Occident" où je m'occupais surtout de la chronique des livres. Je dois dire que j'ai écrit en totale liberté et ai toujours connu cet esprit ouvert à toutes les tendances... Si je me suis éloigné petit à petit de Défense de l'Occident c'est peut- être que j'ai cru à un moment que "l'urgence et la gravité du danger" devait m'imposer aux "tâches exigeantes du combat de chaque jour". Je vous avoue franchement que je crois de moins en moins à ce genre de militantisme ponctuel. Sous peine de fausser les cartes d'un jeu dont vous ne connaissez pas souvent les règles, on ne vous accepte autour de la table qu'en sachant que vous ne savez pas encore compter les points. Alors, avant de s'asseoir à une table, apprenons bien de quelle manière se comptent les points. Tout le reste viendra par la suite. Jean-Paul Roudeau