EDITORIAL Ainsi, c'en est fait ! Ce dix mai 1981, en la fête de Sainte Jeanne d'Arc, qui témoigna pour l'éternité que le pouvoir légitime vient d'en-haut, et non d'en-bas, de ce monde pour lequel le Christ a dit qu'il ne priait pas, la démocratie française, cet en-bas de la politique, a choisi le socialiste Mitterrand comme Président de la République, remplaçant un avorteur par un autre avorteur, un menteur par un autre menteur, un tartuffe par un autre tartuffe. Cet événement était inévitable. Il a failli avoir lieu en 1974, il a eu lieu en 1981. En chercher les causes dans les petits agiotages d'arrières boutiques des partis, dans les bons ou les mauvais reports de voix, dans la puissance de groupes ou de la ténacité de rancunes anciennes, c'est s'attacher à l'écume et ne pas voir la mer. La cause majeure, c'est ce que malheureusement nombre de Français et certains de nos amis s'acharnent à ne pas voir : la démocratie et la république sont des mécaniques de l'histoire qui ne fonctionnent que dans un sens, celui qui va de la droite vers la gauche, et jamais en sens inverse. Le légitimisme se dégrade en orléanisme, qui se dégrade en libéralisme, lequel accouche immanquablement du socialisme qui se réalise dans le marxisme. Quant un pays a mis le doigt dans l'engrenage de la révolution, le schéma de la décadence est toujours le même, avec cependant, Dieu aidant, l'émergence, à certaines époques de l'histoire, d'une réaction de la Contrerévolution. Vouloir arrêter la mécanique révolutionnaire en jouant au retardement des évolutions, en posant des freins, en tentant de s'introduire dans la machinerie, est un leurre que tous les exemples récents ont souligné. Une mécanique destinée à broyer ne peut s'arrêter que si de l'extérieur Dieu, dans sa toute puissance, arrête le cours des choses, ou si de l'intérieur des hommes, nourris de Dieu, cassent la machine en y introduisant le caillou, le grain de sable qui va gripper le mouvement et l'arrêter immanquablement. Ce grain de sable, arme absolue, c'est la Contrerévolution. Ce n'est pas le rassemblement hétéroclite des droites sous la houlette d'on ne sait quel leader, lui- même démocrate, ce n'est pas le terrorisme fasciste à l'italienne, ce n'est pas la résignation des combats d'arrière-garde ou la fausse mystique, mais c'est la doctrine politique la plus simple, la plus cohérente, la plus éprouvée par vingt siècles d'histoire, c'est la doctrine de la Contrerévolution, diffusée, démultipliée au travers de milliers de structures et de réseaux naturels qui fera échec à la révolution. (...)