ÉDITORIAL : Saint Vincent Ferrier était un personnage hors du commun, un « géant de la foi », dont le nom, hélas, est aujourd'hui « quelque peu tombé dans l'oubli, aux yeux du grand public ». Nous avons souhaité le « remettre à l'honneur », en commémorant le 600e anniversaire de sa mort (1419) par la réimpression d'un livre qui lui avait été consacré, paru en 1919 sous le titre Histoire populaire de l'apôtre des Bretons, écrit par le R.P. Fages (des Frères prêcheurs). Son contenu est présenté dans cette nouvelle édition par une préface de M. l'abbé Bertrand Labouche qui a eu l'amabilité de nous accorder un entretien que nous publions en ouverture de ce numéro (pages 1 à 9). Les questions pertinentes de nos deux rédacteurs lui ont permis de brosser en quelques pages le portrait de ce saint d'exception et surtout de mieux connaître les œuvres de son ministère : un nombre considérable de conversions (environ 200 000 juifs et musulmans), 3000 miracles (dont 28 résurrections de morts) et un rôle historique de premier ordre pour le rétablissement de l'unité de l'Église, en son temps gravement secouée jusque dans ses fondements millénaires. M. l'abbé Labouche dit, à juste titre que Vincent est « un saint pour notre temps », comparant le grand schisme d'Occident du XIVe siècle aux « périls qui menacent de nos jours l'Église et la société qui ne sont pas sans rappeler les maux combattus par notre saint ». Or, cette grande crise est bien là, à nos portes et qui ne cesse de nous inquiéter depuis maintenant plus de cinquante ans. Elle avait été décelée et judicieusement analysée avec une extraordinaire acuité par Jean Madiran, dès 1968, quand il publia son ouvrage majeur, L'Hérésie du XXe siècle, que notre ami et collaborateur Jean-Baptiste Geffroy décrit comme « un chef d'œuvre d'intuition, de savoir, de lucidité ; un chef d'œuvre dialectique qui démontre avec une précision redoutable, un style lumineux et une étonnante aptitude " pédagogique ", l'effroyable collapsus doctrinal qui a frappé l'Église dans cette deuxième moitié du XXe siècle ». L'ouvrage, une première fois réédité en 1987, vient d'être à nouveau réimprimé et analysé ici par J.-B. Geffroy (pages 10 à 23) qui confirme que l'Église est en état d'apostasie : Jean Madiran avait raison, « l'hérésie du XXe siècle est bien celle des évêques. Elle est une trahison. Cette trahison est la leur. Ce sont bien des " misérables " » (1). Pour mettre fin à cet effondrement et recoudre la tunique, nous aurions grand besoin d'un nouveau saint Vincent Ferrier. Se révèlera-t-il prochainement ? Dieu seul le sait, mais, nous les enfants de notre Sainte Mère l'Église, devenus en partie orphelins, nous le souhaitons ardemment. Jérôme SEGUIN 1 - Cf. l'article « En relisant L'Hérésie du XXe siècle, le chef d'œuvre de Jean Madiran », dans le n° 30, octobre 2013 de Lecture et Tradition, pour rendre hommage à la mémoire de Madiran, mort peu avant, le 30 juillet 2013.