ÉDITORIAL : « Éduquer un enfant, c'est créer des chefs-d'œuvre éternels », dit M. l'abbé Jehl dans la présentation (p. 10) qu'il fait du livre L'Art des arts : éduquer un enfant, objet de l'entretien que nous a accordé M. l'abbé Boubée, préfacier de l'ouvrage récemment réimprimé par les Éditions de Chiré. En lisant de tels propos, nous sommes, hélas ! loin, bien loin, très loin du marasme épouvantable dans lequel se débattent, en vain, depuis tant d'années les ministres et autres responsables de ce qu'il est convenu d'appeler fallacieusement l' « Éducation nationale » ! Les récents exemples et dérives de toutes sortes, mis sur le devant de la scène médiatique, montrent, démontrent et prouvent bien que ces messieurs font fausse route en poursuivant la déplorable politique pédagogique qui a détruit à petit feu le socle sur lequel reposait jadis l'enseignement dispensé aux enfants. Et ne nous berçons pas d'illusions, les sporadiques semblants de réaction, annoncés de temps en temps par les uns ou les autres ne sont que des jets de poudre aux yeux destinés à anesthésier les rares volontés de réaction émanant de quelques familles ou professeurs . La situation est tellement gangrenée que rien n'y a fait et plus rien n'y fera jamais tant que l'ensemble des composantes de la société ne sera pas remis dans le droit chemin. Un telle entreprise nous semble aujourd'hui comparable aux vains efforts de Sisyphe. Après tant de traités et précis de conseils pédagogiques et de remise à l'endroit d'un grand corps défaillant qui sont restés lettres mortes, nous suggérons à nos « chers conseillers éducatifs » contemporains de prendre connaissance du livre du père Duhr, de s'en imprégner et de mettre en application les différents points de son contenu. Mais ceci reste du domaine du vœu pieux, hélas ! Les gouvernants actuels n'ont ni le souhait, ni le désir, ni la volonté de « créer des chefs-d'œuvre éternels ». * En seconde partie de notre numéro, nous publions une étude de notre ami Jean-Baptiste Geffroy concernant les relations qui se sont tissées entre Charles Maurras et un écrivain peu connu, ou mal connu et presque oublié de nos jours, Jules Lemaître (mort en 1914), critique littéraire « dont la plume est d'une élégance souveraine, spirituelle, légère, ironique ». Ceci entre dans le cadre de notre souhait de commémorer le cent-cinquantenaire de la naissance de celui qui, quoiqu'en disent ou en pensent certains, reste un des plus marquants penseurs politiques du XXe siècle (cf. à ce sujet nos numéros 82 et 84 et Lectures françaises, nos 731, 732 et 733). Jérôme SEGUIN