ÉDITORIAL : À l'inverse des instances officielles (et au premier chef, Madame le ministre de la Culture, Françoise Nyssen) qui ont dédaigné Charles Maurras , nous tenons, pour notre part, à honorer la mémoire de celui que Jean Madiran avait désigné comme « le plus français des Français » et salué comme étant « le nom du plus grand esprit, du plus lumineux penseur de notre temps » . Notre ami Gérard Bedel dresse son portrait avec toute la déférence et la reconnaissance qui lui sont dues afin de ne pas laisser sans réagir vilipender cet homme qui demeure frappé d'un abject interdit politico-religieux, confiné dans une stricte marginalité médiatique par l'effet d'une relégation sociale, impuissante, cependant, à effacer la mémoire de l'écrivain, du penseur, du poète, ni sa place dans l'histoire de France. N'oublions pas, tout de même, que cet homme de bien fut condamné et emprisonné à deux reprises par les juges et les censeurs qui ont placé la France sous très haute surveillance idéologique. En 1935, il fut qualifié de « dangereux criminel » (sic !) et condamné à quatre ans d'incarcération, écroué à la prison de la Santé (dont il fut cependant libéré en 1937 au terme de 250 jours de réclusion). En septembre 1944, il fut de nouveau poursuivi pour « intelligence avec l'ennemi », ce qui lui valut de rester privé de liberté pendant sept ans (2700 jours !), jusqu'à sa mort en 1952 (à l'âge de 84 ans). Depuis lors, « aucune personnalité officielle, dans la république française ou dans l'Église de France, ne pouvait nommer Maurras en public sans compromettre réputation et carrière, sauf si c'est pour exprimer une réprobation et une horreur inlassable » . Quelle ignominie, quelle infamie, quel scandale ! * La seconde partie de ce numéro propose une longue analyse (18 pages) de Jean-Baptiste Geffroy pour présenter le livre de Jean-Louis Harouel, Droite-gauche, ce n'est pas fini. L'exercice est délicat et notre ami l'a accompli avec la dextérité que nous lui connaissons habituellement, tant le contenu des notions de droite et gauche sont devenues dévoyées dans le verbiage politico-médiatique contemporain. « Mettant en valeur deux piliers aussi essentiels que les sources gnostiques de la pensée de gauche et de la filiation chrétienne de la vraie droite, c'est-à-dire ce qu'il faut combattre et ce qu'il faut défendre [le livre de J.-L. Harouel] doit permettre de stimuler la recherche et l'approfondissement de notre identité doctrinale. Dans ces temps de grande confusion intellectuelle, on ne peut que s'en réjouir », dit J.-B. Geffroy. Jérôme SEGUIN 1 - Cf. notre n° 82 (février 2018), « Le Livre des Commémorations nationales 2018 » et le n° 731 (mars 2018) de Lectures françaises, « Le fantôme de Maurras », par Henri Servien. 2 - J. Madiran, Maurras, Nouvelles Editions Latines, 1992. 3 - J. Madiran, Maurras toujours là, Éditions de Paris Consep, 2004.