ÉDITORIAL : Les desseins de la Providence nous confondent. Il n'y a eu aucune concertation, ni entente préalable pour la publication des articles qui composent ce numéro. La seule intervention fut celle de notre responsable de la rédaction qui a jugé qu'il y avait une intéressante corrélation entre le contenu de l'entretien accordé par le professeur de Mattei (pages 1 à 5) et l'étude de M. l'abbé Castelain, L'Église catholique réconciliée avec la Franc-maçonnerie ? (pages 19 à 26). Quelle peut être la raison de cette corrélation ? Tout simplement la mise en exergue de ce que dit Roberto de Mattei : « Je crois à la nécessité de la restauration de l'ordre social chrétien. La seule civilisation véritable, comme l'a déclaré saint Pie X, est la civilisation chrétienne, d'autant plus féconde et généreuse en fruits qu'elle est plus nettement chrétienne ; et le déclin de la société est d'autant plus vertigineux que celle-ci se soustrait à l'influence de l'Évangile ». Or le déclin de la société est exactement ce qu'il nous est donné de constater depuis trois siècles, depuis que la Franc-maçonnerie a décidé de mener contre l'Église une « lutte sans trêve ni merci », dont l'issue, à vue humaine, est réalisée aujourd'hui, puisqu'elle est parvenue jusqu'à lézarder les remparts de la citadelle inexpugnable qu'était encore l'Église au début du XXe siècle. Ce constat est évident : après avoir domestiqué les états temporels, devenus les « quartiers généraux » de la Franc-maçonnerie, cette dernière a « instrumentalisé » les hommes d'Église devenus « diffuseurs de la doctrine libérale, œcuménique et démocratique », soit l'exact contraire du socle sur lequel est édifié l'ordre social chrétien. Rappelons ce qu'écrivait Léon de Poncins (en 1975), dans la préface pour la deuxième édition de son livre Christianisme et Franc-maçonnerie (Éditions de Chiré, réimprimé en 2010) : « (...) Ceci nous amène à étudier la personnalité et le rôle du pape dans la révolution religieuse qui secoue l'Église depuis Vatican II, car, en définitive, tout repose sur les décisions de S.S. Paul VI. Or, il est tellement imprégné de démocratie socialisante qu'il en vient, peut-être inconsciemment, à penser, parler et agir en Franc-maçon, car la Franc-maçonnerie, avec son culte de l'Homme, est la philosophie du libéralisme et l'armature spirituelle de la démocratie ». Jérôme SEGUIN