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N° 800 - Décembre 2023 : Notre numéro 800 !

Référence : 130401
Date de parution : 12 décembre 2023
EAN 13 : 0000001304015
Nb de pages : 96
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Description

ÉDITORIAL

800

1957. À peine dix ans après la terreur de l’épuration qui laisse la droite nationale exsangue, trois lascars, épurés, réprouvés, que ni la prison ni la haine ni la calomnie n’a réussi à démobiliser, se retrouvent à l’auberge d’Écluzelles « riante localité de la vallée de l’Eure » (1), où les Coston possèdent une jolie propriété. Henry Coston, né en 1910, libéré de prison depuis six ans, à la carrière journalistique déjà impressionnante ; Pierre-Antoine Cousteau, né en 1906, libéré depuis trois ans, « compagnon merveilleux, étourdissant de drôlerie, constant dans ses affections et d’un grand courage physique » (2), directeur du sulfureux Je suis partout pendant la guerre ; Michel de Mauny, né en 1915, militant, journaliste (GringoireLa Gerbe, Écrits de Paris, etc.). Après un souper qu’on imagine bien arrosé, nos trois compères décident de sauver la France ! Et voici en mars 1957 le numéro 1 de Lectures Françaises, revue de 16 pages en petit format (11,5 cm x 18 cm) avec un éditorial de Pierre-Antoine Cousteau dont la plume caustique est un véritable feu d’artifice pour les neurones et de très nombreux articulets toujours finement ciselés, spé-cialités d’Henry Coston, et qui ont fait sa gloire d’archiviste.

Imaginaient-ils que ce premier numéro lancé un peu comme un pari de fin de soirée serait suivi de tant d’autres, jusqu’au numéro 800 de décembre 2023 ?! Et si la forme, et si la couleur, et si la présentation ont bien changé en 66 ans, le fond et l’esprit demeurent les mêmes. 80 pages de plus (en accueillant sous ses couvertures notre petite revue Lecture et Tradition), d’abondantes illustrations, des collaborateurs plus nombreux mais toujours aussi compétents, deux changements de direction : en 1977, Jean Auguy, fondateur de Chiré, reprend le flambeau qu’il passe ensuite à son gendre, François-Xavier d’Hautefeuille en 2010, fier de poursuivre le combat de Coston :

« Nous l’avons dit bien souvent : Lectures Françaises n’est l’organe d’aucun parti, d’aucune coterie. C’est une revue indépendante de documentation politique. Non conformiste, elle ne cherche pas à imposer les idées de ses dirigeants et rédacteurs, mais à informer ses lecteurs sur les dessous des cartes. Il s’ensuit que les articles qui paraissent dans ces pages sont écrits en toute franchise, en toute bonne foi. Cela lui valut, dans le passé, maints déboires, le plus grave étant la perte de 30 % de ses abonnés au lendemain du référendum de septembre 1958 parce que Henry Coston, avec une quinzaine d’autres journalistes nationaux, avaient dit “NON !” à celui qui s’apprêtait à brader l’Afrique. » (3). 

De même que l’espoir de Cousteau formulé à la fin de son premier édito anime toujours les équipes qui se succèdent dans notre comité de rédaction :

« Il est bien exact, en effet, que dans l’état actuel de nos mœurs, des critiques jus-tifiées constituent en soi une exagération. Mais j’ai encore la naïveté de croire que si cette sorte d’exagération perçait l’écran de fumée de la grande presse reptilienne le Système n’y survivrait pas. » (4) 

Mickaël SAVIGNY

1 et 2 – «?Réflexions personnelles autour d’un livre sur Cousteau?», article d’Henry Coston, Lectures Françaises n° 449, septembre 1994.

3 – Lectures Françaises n° 238, février 1977.

4 – « Le pamphlet est à droite », éditorial de Pierre-Antoine Cousteau, Lectures Françaises n° 1, mars 1957. Il est décédé le 17 décembre 1958, très rapidement après la création de notre revue, à qui il a confié son ultime papier : « Petit portrait du “Figaro” » pour le numéro 19-20 d’octobre-novembre 1958.

Critique du libraire
Recension de Nouveau Présent 12 février 2024 :"Raison de plus pour soutenir celles de ces publications qui se battent pour maintenir un lien de qualité avec leurs lecteurs : Lectures françaises, par exemple, qui vient de dépasser le cap des 800 numéros, soit 800 mois de parution. C’est une sorte de record, car ce type de revue, où le bénévolat a une large place, tient souvent par la volonté d’un seul homme ou d’une équipe réduite". AgathonSOMMAIRE- Éditorial (par Mickaël Savigny) (p. 1)- Les brèves (p. 3)Entretien- De la Révélation à l’apostasie. Entretien avec Alain Pascal (propos recueillis par Sylvain Durain) (p. 5)Politique française- Retour sur l’abaya : ce qu’elle cache (par Claude Beauléon) (p. 13)Géopolitique- Les conséquences du génocide qui se déroule à Gaza (par Philippe Prévost) (p. 20)Actualité- Synode sur la synodalité : une machine révolutionnaire (par Roberto de Mattei) (p. 23)Études- La malédiction de l’égalité (par Jean-Baptiste Geffroy) (p. 27)Actualité- L’actualité en bref (par Joseph Rabany) (p. 35)Fin du rodéo pour Mgr Strickland - Vers la constitutionnalisation de l’avortement ?Études- Laudate Deum (par le père Jean-Dominique O.P.) (p. 37)Causeries politiques- Liberté – ÉGALITÉ – Fraternité (14e causerie) (par le père Jean-Dominique O.P.) (p. 44)Le dossier du mois- Au fil des « routes de la soie », le tissage des Évangiles (par l’abbé Louis-Marie Buchet) (p. 48)Dans notre courrier- Journaux, revues, lettres, activités associatives… (par M. S.) (p. 65)Devoir de mémoire (par Louis Gravêthe) (p. 69)Marie-France de Saizieu - Geneviève de Ternant (Jeanne Vincent, dite) - Laurence Maugest.LECTURE ET TRADITIONFondée en 1966 par J. Auguy et fusionnée dans Lectures Françaises en 2021Entretien- Un manifeste royaliste pour le XXIe siècle. Entretien avec Paul de Lacvivier (p. 73) (propos recueillis par Maria de la Selva)Actualité religieuse- In memoriam Sœur Josefa Menéndez (p. 78)Culture- Les cadeaux de Tante Anne (p. 82)- La vie des livres (par I. C., Claude Jacque et L. G.) (p. 84)- Défense de notre patrimoine : «Pèlerinage de Compostelle : le Camino frances en Espagne» (3e partie) (par Olivier Destouches) (p. 88)- Défense de la langue française : « L’imposture de Villers-Cotterêts » (par L. G.) (p. 92)- La petite histoire : «Dernier jour d’un condamné » (par V. Ch.) (p. 93)- Nos éphémérides (par V. Ch.) (p. 94)Index (p. 96).Entretien avec Philippe PREVOST dans Rivarol n° 3598 du 24.01.2024 :Philippe PRÉVOST : “Les criminels ont toujours intérêt à voir disparaître définitivement leurs victimes”Le présent vient de loin... Il faut regarder les événements de l’histoire immédiate avec en mémoire leurs origines pour ne pas être tromper par la propagande officielle. Grâce aux livres de Philippe Prévost, nous disposons d’un outil pour comprendre l’origine du complexe conflit israélo-palestinien.RIVAROL : Nous voyons encore aujourd’hui les conséquences de la déclaration Balfour de 1917. Pouvez-vous revenir sur l’origine de ce texte et sur la vision qu’avait la Couronne Britannique de l’avenir de la Palestine qui était sous domination ottomane au moment de sa rédaction ?Philippe PRÉVOST : Le génocide que subissent les Palestiniens actuellement est d’une telle ampleur qu’il ne peut laisser personne insensible. Ce n’est pas un drame, c’est une boucherie, et l’on peut s’étonner qu’en face de tels crimes, les dirigeants occidentaux qui sont rentrés en guerre contre la Russie pour défendre l’Ukraine, ne lèvent pas le petit doigt dans le cas de Gaza. Il y a là quelque chose de profondément immoral et de profondément choquant. L’historien ne peut pas en rester là. Il doit essayer de comprendre et, pour ce faire, de remonter dans le passé car, contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire, le conflit israélo-palestinien ne vient pas de nulle part. Il a sa source dans le passé, un passé d’injustices, de mépris et de haine. Pour le comprendre, il faut remonter à un peu plus d’un siècle. En effet, le génocide actuel a une origine, c’est la déclaration Balfour qui date du 2 novembre 1917.Lorsque la guerre de 1914 éclata, la Turquie attendit trois mois avant de s’y engager mais à la suite des provocations russes et de la suffisance des Jeunes Turcs, elle prit le parti de l’Allemagne. La Russie jeta dès lors son dévolu sur les détroits, la France et l’Angleterre sur la grande Syrie que ces deux pays se partagèrent en mai 1916 selon les accords Sykes-Picot. Ces accords prévoyaient, entre autres choses, l’internationalisation d’une petite Palestine, c’est-à-dire en fait un condominium franco-anglais sur ce territoire. Mais les Anglais regrettèrent rapidement d’avoir été aussi généreux avec les Français tandis que les sionistes étaient furieux de ce double patronage sur une terre dont ils comptaient bien s’emparer à plus ou moins long terme.Pour cela, il fallait évincer la France de la Palestine et faire des Palestiniens des étrangers dans leur propre pays au profit des juifs. Tels furent les buts essentiels de la déclaration Balfour. Le premier ne fut pas très difficile à atteindre grâce à Clemenceau qui déclara qu’il ne serait pas « le sacristain du pape aux Lieux Saints », en conséquence de quoi il abandonna nos droits sur la Palestine lors d’une conversation avec LLoyd George, Premier ministre britannique, le 1e décembre 1918 ; le second fut plus difficile puisqu’ils s’agissait, en fait, d’opérer un remplacement de population. Cela commença très tôt, atteignit son point culminant en 1948 lorsque 7 à 800 000 Palestiniens furent chassés de chez eux sans qu’aucun gouvernement occidental ne proteste. Cela se termine aujourd’hui par le carnage auquel nous assistons sans qu’aucun de ces mêmes gouvernements ne dise mot.C’est normal, si l’on ose dire, car les criminels ont toujours intérêt à voir disparaître définitivement leurs victimes.R. : Quels étaient les liens entre le mouvement sioniste et le pouvoir britannique ?P. P. : C’étaient des liens d’intérêts. Ce sont les plus solides. Les sionistes tenaient absolument à ce que l’Angleterre fût la seule puissance mandataire car ils savaient qu’ils s’entendraient mieux avec une puissance protestante qu’avec la France, pays encore catholique. Ils ne voulaient surtout pas d’un double pouvoir en Palestine de peur de voir entraver leur action.De son côté, l’Angleterre, après s’être attiré la reconnaissance des juifs dont la puissance était déjà redoutable, surtout aux Etats-Unis, comptait utiliser les sionistes comme chiens de garde pour le canal de Suez. C’est toujours le cas. Mais, aujourd’hui, les Américains, qui ont succédé aux Britanniques, se servent d’Israël afin de sécuriser les pays pétroliers, d’où l’importance des accords d’Abraham et du rapprochement saoudo-israélien. Ces divers accords auraient eu aussi l’avantage d’enterrer pratiquement le problème palestinien tout en constituant un bloc anti-iranien soudé à l’entité sioniste. En somme que du bonheur ! Alors pourquoi faut-il que Ne-tanyaou ait permis l’affaire du 7 octobre ? Pour chasser une bonne fois pour toutes les Palestiniens de chez eux ?R. : Que représente, au moment des accords de Balfour, la présence juive en Palestine ?P. P. : Il ne faut jamais oublier que les revendications sionistes sur la Palestine reposent sur des mensonges dont l’un qui a connu une grande fortune au début du XXe siècle : « il faut donner une terre sans peuple à un peuple sans terre ! ».Or, à l’époque, il y avait 680 000 Palestiniens chrétiens et musulmans et 60 000 juifs. Alors comment faire pour « judaïser la Palestine », comme l’avait décrété la SDN lorsqu’elle confia le mandat sur la Palestine à la Grande-Bretagne en 1922 ? Rien ne fut plus simple.L’Angleterre commença par nommer un haut-commissaire juif en Palestine, sir Herbert Samuel, qui s’entoura de juifs comme lui. Parmi ces derniers figurait Segal Bentwich qui avait écrit un livre : La Palestine aux juifs, ce qui avait le mérite d’être clair puisque cela revenait à dire : les Palestiniens dehors. Ain