ÉDITORIAL : Est-il encore utile de maintenir l'élection présidentielle au suffrage universel ? Plus les années se déroulent et les scrutins se succèdent et plus nous avons l'impression d'assister à une mascarade ou, à tout le moins à une tromperie. Cette question nous taraude ; c'est la raison pour laquelle nous la ressassons régulièrement. Nous y revenons, une fois encore, à l'approche de celle qui se profile pour inciter les cher'z électeurs à se retrouver dans les isoloirs des bureaux de vote, dans désormais quatre mois. Elle ne fait qu'augmenter les doutes qui vont très probablement être renouvelés au cours des semaines à venir. En effet, à quelle palinodie nous est-il donné d'assister aujourd'hui ? À l'heure où nous écrivons, le « vainqueur » de l'élection primaire chez les LR n'est pas encore connu. À quatre reprises, au cours d'interminables débats, cinq candidats s'y sont affrontés, dont deux avaient quitté leur famille politique, il y a quelques années (Pécresse et Bertrand), aujourd'hui rentrés dans le rang. Quant aux trois autres (Barnier, Juvin et Ciotti), ils n'apparaissent que comme des faire-valoir. Mais comment donc, ces « hauts personnages » qui briguent la plus haute magistrature de la France, n'ont-ils pas encore su tirer les leçons du fiasco de 2016/2017 ? Aucun d'entre eux ne dispose de la stature, ou le caractère ou la carrure nécessaire permettant de parvenir à la concrétisation de leurs prétentieuses ambitions. Par ailleurs, nous ne savons même pas combien d'autres candidats briguent, eux aussi, la place suprême, entre la socialiste, le communiste, l'écologiste, l'insoumis, l'animaliste et que sais-je encore, pour lesquels les sondages (sont-ils crédibles) leur attribuent des pourcentages de voix presque dérisoires. À l'autre bord de l'échiquier, se retrouvent deux candidats, qualifiés de « droite souverainiste », Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, la première presque assurée, depuis longtemps de la deuxième place, puisque le second plafonnerait à environ 3 % de prévisions de voix ! Quand, tout à coup est apparu Éric Zemmour, entré en scène pour troubler ce jeu de dupes. En quelques semaines, il a effectué une ascension fulgurante dans les sondages, alors qu'il n'a même pas fait, officiellement, acte de candidature. Que va-t-il advenir d'une telle situation ? Nous en saurons probablement un peu plus dans les prochaines semaines. Reste le « favori », Macron, qui plane au-dessus de la mêlée, puisqu'il bénéficie de l'avantage d'être le président sortant, soutenu, encouragé, grassement financé par les nababs de la mondialisation. Nous avons également déjà évoqué le phénomène suivant : comment un individu crédité de 25 % des voix (des suffrages exprimés, soit, si l'on prend en compte les taux de l'abstention, de plus en plus pratiquée, obtient à peine 20 % sur un nombre de 45 millions d'électeurs inscrits...) peut-il être reconnu comme le président de l'ensemble des Français ? Ces quelques réflexions confirment bien le mélodrame qui nous est proposé : l'élection du président de la « sixième puissance mondiale » par défaut ! À quoi bon, donc, engager des dépenses financières dispendieuses, et consacrer des milliers d'heures d'écoute dans les media, quand les jeux sont pratiquement faits d'avance ? Jérôme SEGUIN