ÉDITORIAL : Pourrons-nous, un jour, nous libérer de la pression de plus en plus prégnante qui nous est imposée dans notre monde contemporain qui, telle une machine infernale, poursuit sa route sans se soucier de quelque obstacle que ce soit qui aurait la moindre velléité de lui faire ombrage ? A vue humaine, nous n'y voyons aucune issue, puisque l'impitoyable broyeur à qui a été attribué le nom de Mondialisme élimine sans pitié ceux qui auraient encore la prétention de lui résister et digère avec délectation ceux qui tentent de louvoyer ou de composer, ne leur accordant plus aucune liberté ni de manœuvrer ni de penser, afin de les accueillir dans son giron « protecteur ». Cette courte digression nous aide, souhaitons le, à mieux comprendre les raisons pour lesquelles, en tentant de nous cantonner encore parmi les derniers réfractaires, nous ne supportons plus que nos destinées soient dirigées et conditionnées par ceux qui nous « obligent » à nous soumettre, comme un troupeau grégaire, aux mots d'ordre des « décideurs » qui nous laissent croire qu'il nous a été octroyé un immense privilège, celui de contribuer à la désignation et donc au choix de ceux qui sont ensuite amenés à diriger la conduite de notre pays. Voici la raison pour laquelle, afin de tenter d'échapper à cette emprise, nous considérons que le conseil d'Octave Mirbeau (pp. 5 à 9) n'est pas aussi superficiel qu'il pourrait y paraître : « Rentre chez toi bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n'as rien à y perdre, je t'en réponds (...) Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d'aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre (...) Et s'il existe, en un endroit, un honnête homme capable de te gouverner et de t'aimer, ne le regrette pas. Il sera trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un tel mandat que tu n'accorderas jamais qu'à l'audace cynique, à l'insulte et au mensonge ». Et pourquoi donc, tandis qu'on nous serine que grâce aux mérites et aux avancées de la sacro-sainte démocratie et de la sacro-sainte république, « égalitaire et fraternitaire », tout un chacun, insatisfait de son sort ou de sa destinée, peut à tout moment se mettre en grève en vertu du sacro-saint droit inscrit dans un très officiel article de la très officielle constitution de la république, pourquoi, donc, ce même citoyen non satisfait des hommes politiques qui dirigent (très mal) la France, n'aurait-il pas le droit, à son tour, de mettre en application le droit de grève pour ne pas voter et exprimer son mécontentement ? Pour justifier cela, il ne faut pas se voiler la face, depuis que la France est soumise au bon vouloir de dirigeants issus des urnes électorales, elle est victime d'une sempiternelle « histoire de corruption et de crime d'État où nous pataugeons dans un océan de cynisme froid et de moraline visqueuse » (cf. « L'Affaire de Panama », pp. 40 à 48) Et que se passe-t-il aujourd'hui ? « La vie politique est paralysée par la Covid-19. L'opposition démantelée par le macronisme n'a plus aucune perspective » ! (cf. « La Covid-19 : épidémie ou crise ?, pp. 17 à 29). De ce fait, nous n'avons pas tort avec Mirbeau, quand il écrit : « Je te le dis, bonhomme, reste chez toi et fais la grève ». Jérôme SEGUIN