ÉDITORIAL : « Gouverner, c'est prévoir ». Cette formule pleine de sagesse et de réalisme semble ne plus faire partie du vocabulaire ou des préoccupations des hommes politiques et gouvernants contemporains lorsque nous constatons (et déplorons) à quel point, depuis tant et tant d'années, la France ne cesse d'être dégradée, abîmée et même délabrée. Aujourd'hui, le constat est malheureusement patentnous ne dresserons pas le catalogue des événements et dérives de tous ordres qui confirment cette situation, ils « crèvent les yeux » quotidiennement. Le dernier en date, et non des moindres, est celui de l'immense grève du 5 décembre (et les conséquences qui vont s'ensuivre) qui a provoqué un gigantesque ébranlement de l'équilibre sur lequel devraient reposer les différentes activités de chaque jour pour le bon fonctionnement de notre pays. Or l'origine de ce vaste mouvement de mécontentement est bien la responsabilité évidente du personnel politique qui ne sait « ni gouverner, ni prévoir ». Un minimum de bon sens aurait dû prévenir que les réformes des retraites, telles qu'elles sont annoncées à une opinion publique au bord de l'asphyxie, ne sont pas supportables. Nous pensions, innocemment sans doute, que tous ces beaux messieurs sont entourés de conseillers réputés compétents pour dispenser les prudentes recommandations destinées à bien conduire et diriger la France vers le bien commun. Or, ce n'est absolument pas le cas. Quant à la grève - inscrite parmi les articles de la constitution de la république - il s'agit bien, ni plus ni moins, d'une imposture. Dans un État bien gouverné, il n'y a aucune raison pour que de tels mouvements de mécontentement se manifestent. Il ne devrait donc y avoir nul besoin d'y recourir. À ce propos, Jean Haupt a dressé un implacable réquisitoire contre cette pratique dans un livre d'une remarquable lucidité, Le Procès de la démocratie , dans lequel nous relevons la réflexion suivante : « Non contente d'inventer les partis, la démocratie a inventé les syndicats. Et elle a inventé cette monstruosité qui s'appelle le droit de grève », à laquelle il ajoute : « La grève est illégale, immorale et injuste, anormale et illogique, antisociale et inhumaine, antinationale ». Tout gouvernement qui prend une décision malhabile ne mérite pas de diriger un pays comme notre belle France. Il doit être renversé afin que le pays retrouve paix et sérénité. * Un exemple typique des travers de la démocratie nous est donné dans ce numéro par l'article de Vincent Chabrol, concernant l'évolution de la politique espagnole à la suite de la désignation par le général Franco de son successeur à la tête de l'État : Cinquante ans après l'investiture de Juan Carlos de Bourbon (pp. 39 à 44). C'est ce qui a été appelé la Transition espagnole qui a fini par dégénérer en « match-retour » de la Guerre civile. À lire et à méditer. Jérôme SEGUIN 1 - Selon la judicieuse expression de Xavier Martin pour titrer l'un de ses livres, La France abîmée. Essai historique sur un sentiment révolutionnaire (1720-1820), Éditions Dominique Martin Morin, format de poche, 2019. 2 - Le Procès de la démocratie, Cahiers Découvertes, Lisbonne, 1971. Il a été réimprimé, en 1975, par les Éditions de Chiré qui préparent une nouvelle réédition pour le début de l'année 2020 (voir bon de souscription p. 44). Malgré son âge (près de 50 ans), il n'a rien perdu de son intérêt, bien au contraire.