ÉDITORIAL : Un mauvais vent d'automne pour Emmanuel Macron Le président de la République, Emmanuel Macron, vient de vivre un mois de novembre que l'on peut qualifier de funeste. À la suite d'un répit de courte durée (près d'Honfleur), il s'embarqua dans un périple, ô combien aventureux (du 5 au 11 novembre), baptisé d'une curieuse formule : « Itinérances mémorielles », dont on se demande qui a bien pu imaginer cette ridicule expression qui n'a aucun sens et se trouve même entachée d'un barbarisme ! Étapes après étapes, pendant six jours, il crut bien faire en pérégrinant à travers les « hauts lieux » des meurtriers combats et sanglantes batailles de la Première Guerre mondiale et se trouva confronté à la réalité de la France « périphérique », celle qu'il ignore dédaigneusement, habitué qu'il est de ne fréquenter que les élites de « haute lignée ». Là ce fut une autre affaire puisqu'il se trouva en butte aux doléances de populations qui n'en peuvent plus de se sentir abandonnées et surtout pressurées de taxes et d'impôts de toutes sortes qui ne leur laissent même plus la possibilité de subvenir à leurs plus élémentaires besoins quotidiens et immédiats (logements, alimentations, soins médicaux principalement). Cette « partie de campagne » s'acheva en grandes pompes, à Paris, au milieu des fastes et des ors, où Macron se mua en maître des cérémonies pour orchestrer les commémorations du centenaire de la fin des hostilités signées par l'armistice du 11 novembre 1918, auxquelles il avait invité (ou convoqué ?) environ 70 chefs d'État et responsables de pays du monde entier. Il avait exprimé le souhait pour cette prestigieuse manifestation d'honorer la mémoire des huit maréchaux qui ont conduit les armées françaises à la victoire. Mais patatras ! Parmi eux figure le nom de Philippe Pétain, qu'il est devenu interdit de saluer en France comme un héros, depuis le « désastreux » 10 juillet 1940 ! Voir à ce propos (page 29 de ce numéro) notre réponse à Denis Tillinac. Et enfin pour couronner l'ensemble, l'édifice de l'Élysée fut sévèrement ébranlé par les manifestations des « Gilets jaunes » exprimant le mécontentement de la « peste populiste » aux abois qui trime quotidiennement sans même espérer voir la moindre lumière éclairer le bout du tunnel des contrées provinciales délaissées, parfois abandonnées pour se retrouver, pour certaines, presque désertiques ! Tout ou presque a été dit dans les media. N'en rajoutons pas. Nous retenons seulement que Macron a promis qu'il allait prendre des mesures pour donner une « réponse aux classes moyennes et laborieuses » (sic !) Quelle dérision, quelle fatuité, quel dédain ! À l'heure où nous écrivons, nous ne savons pas de quoi demain sera fait, mais il nous semble bien que le vent qui souffle sur le palais de l'Élysée aujourd'hui ressemble plus à un aquilon qu'à un zéphyr. Jérôme SEGUIN