La République des canailles
5/5 Le Christ-Roi Haut et fort 16 mai 2018
Ci-dessous, la première partie de la lettre adressée, depuis Berlin le 16 novembre 1871, par le comte Otto von Bismarck à son ministre plénipotentiaire à Paris, le comte Harry von Armin.
Mon cher baron,
« (…) Vos appréhensions sur la possibilité d’une revanche de la France ne sont pas fondées. Elles ne le seraient que si cette nation était unie au dedans. Alors, vous avez raison, il ne faut pas se le dissimuler, cette puissance (…) avec sa bravoure proverbiale et ses immenses ressources, serait redoutable pour nous si elle était unie. Mais elle ne l’est pas, et ne peut, heureusement, pas l’être, l’esprit des français étant ce qu’il est (…). La France est partagée en bonapartistes, en orléanistes, en légitimistes et en républicains. C’est, pour nous, comme si elle était divisée en quatre états indépendants et même rivaux. Leur rivalité fait notre force et garantie notre sécurité. Il faut bien, il est vrai, qu’un parti finisse par l’emporter sur les autres. Heureusement pour nous, cela paraît être le parti républicain. (…) Donc, la république va s’implanter en France. Vous devez, par votre parole, par vos subventions à certains journaux démocratiques et par tous les moyens en votre pouvoir travailler secrètement à en amouracher les Français. Soutenez donc la République pour cinq raisons :
1 - Parce que le gouvernement républicain est, par sa nature-même, un dissolvant, un principe de troubles, celui qui crée le plus de compétitions, le plus de prétendants au pouvoir ; en un mot, celui qui, n’en déplaise à Thiers, achève de diviser tout-à-fait les français.
2 – Parce que la République, excellente en Amérique ou en Suisse, où elle a, pour elle, les mœurs et les traditions, est, en France, le parti des sots et des bavards, des brouillons et des voyous. Je ne parle pas des banqueroutiers, des repris de justice, et des gens tarés de toutes sortes. Si tous les républicains en France, ne sont pas de la canaille, toute la canaille est républicaine. La République est le gouvernement qui lui plait le plus. Donc c’est le plus mauvais, et celui que nous devons souhaiter pour la France.
3 – Parce que tant que la République durera, la confiance ne pourra renaître (…)
4 – Parce que le parti républicain est, en France, le moins patriote. Pendant le siège de Paris, les farouches républicains de Belleville, de Montmartre et de Ménilmontant ont été le type de la lâcheté tout en demandant à grands cris la guerre à outrance. Ils n’ont su que jeter leurs fusils dans les tranchées, hurler dans les clubs et souiller les églises de leurs ordures. (…) Ce sont des républicains du 4 septembre qui ont eu l’attention, lorsque Paris était investi par les Prussiens, d’inaugurer la statue de Voltaire, chambellan de notre grand Frédéric, et qui avait félicité ce prince d’avoir battu les Français à Rosbach. On n’est pas plus plat, plus lâche et plus bête. Quant à la Commune, son premier soin a été de faire insérer à son journal officiel la recommandation de ne rien faire, autour de Paris, qui pût nous déplaire. Elle a renversé la colonne Vendôme faîte avec le bronze de nos canons (…)
5 – Enfin, vous devez soutenir énergiquement la République, parce que la France, sous ce gouvernement, ne trouvera pas d’alliance en Europe, et qu’ainsi isolée au dehors et déchirée au dedans, elle ne pourra pas se relever et nous nuire. (…) La démocratie, selon voltaire, aboutit toujours à la tyrannie de la populace. Sous le régime du suffrage universel, c’est avec les masses qu’il faut compter. Vous dites que le suffrage universel c’est le nombre, et que le nombre c’est la force brutale ; que le suffrage universel est, ainsi, un retour déguisé à la barbarie. Je le sais très bien ; et c’est pourquoi je me réjouis qu’il règne en France. Il y perpétuera le gâchis ; car il donne à la voix des imbéciles et des pervers le même poids qu’à celle de l’homme de génie et de l’homme de bien. Donc, les masses sont ou croient être républicaines dans les villes et le deviendront avec le temps dans les campagnes. Il ne faut pour cela, que la continuation de la liberté de cette presse démocratique rédigée par des hommes sans éducation, gens déclassés, à idées courtes, politiques d’estaminet décidant, entre deux choppes, les questions les plus hautes, sans en comprendre le premier mot, mais habiles à soulever l’envie, la haine, la cupidité et toutes les mauvaises passions du peuple. Ce sont nos alliés les plus sûrs pour désorganiser la France : secondez-les, achetez-les. Par contre, travaillez de toutes vos forces à empêcher le rétablissement de la Monarchie. (…) Ce qu’il faut surtout empêcher, c’est l’avènement de la légitimité : »
(La République et ses valeurs, par M.Claude Beauléon : Extrait de la revue Lectures Françaises, n° 732, avril 2018 http://www.lectures-francaises.info/ )
<p align="right">René Pellegrini <a href= http://lechrist-roi.hautetfort.com/archive/2018/05/16/la-republique-des-canailles-6051924.html/ target=_blank>http://lechrist-roi.hautetfort.com/archive/2018/05/16/la-republique-des-canailles-6051924.html</a>