ÉDITORIAL : En conclusion de notre précédent éditorial, nous indiquions, dès le soir du premier tour des élections (23 avril), que les jeux étaient faits. Mais nous n'avions aucun mérite à le prévoir (ou presque), car il en est presque toujours ainsi depuis que le président de notre pays est désigné par le suffrage universel, par la volonté de De Gaulle en 1958. Le résultat est donc tombé le soir du 7 mai, tel que nous le pressentions en faveur d'Emmanuel Macron. Venu de « nulle part », cet homme, nommé ministre par Hollande il y a trois ans, est sorti, en un tour de main, des ténèbres des instances bancaires pour se trouver propulsé, aujourd'hui en pleine lumière. C'est un phénix qui n'a même pas eu besoin de renaître de ses cendres, puisqu'il ne s'était jamais auparavant brûlé les ailes, bien abrité des irradiations des feux de la rampe. Restons lucides, il n'a pu atteindre ce « graal » grâce à ses seuls talents ou sur un coup chanceux de baguette magique. Il est évident qu'il est le personnage idoine, « préfabriqué », formaté et téléguidé depuis les officines qui ont la haute main sur la façon dont le monde doit être gouverné et dirigé. Macron n'est ni plus ni moins que l'un de leurs agents d'exécution. Ce numéro est en majeure partie consacré à exprimer ce que nous estimons devoir connaître de lui. C'est ce à quoi se sont attachés nos rédacteurs, sans pour autant émettre des prédictions ou des prévisions sur ce que nous réserve l'avenir. Car pour cela nous ne sommes pas dans le secret des dieux, tout en ne nous berçant d'aucune illusion. La suite des événements sera à peu près similaire à ce que nous venons de vivre au cours des dernières années, avec l'habituelle série de ralliements, de reniements et de retournements de vestes des uns comme des autres, attitudes et procédés devenus monnaie courante dans notre « belle » république, cinquième du nom ! Tout va se dérouler comme les hauts dirigeants le souhaitent ou l'imposent. Macron ne sera assurément pas le chef dont la France a besoin. Il pourrait en donner l'illusion ou l'impression dans un premier temps, mais il ne restera jamais que le porte-parole ou le commissionnaire de ce qui lui sera dicté dans les loges. Comme l'exprime Olivier Destouches, en conclusion de son article (page 23) : « La principale victime de cette élection est, une nouvelle fois, la France. Sacrifiée par des candidats sans honneur, elle est aux mains d'un homme qui entend la démanteler, la dénaturer avant de la détruire ». Et cet homme, dit Claude Beauléon (page 7), est « un hybride monstrueux, mélange d'ultra capitaliste prédateur et de gauchiste sociétal (...) fils spirituel et adultérin de François Hollande ». Méfiez-vous de l'apparence de ses belles paroles et retenez bien ces propos de George Orwell : « Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres et à donner l'apparence de la solidité à ce qui n'est que vent ». Jérôme SEGUIN