ÉDITORIAL : Les jeux du cirque Exceptionnellement, nous donnons un titre à cet éditorial, tout en supputant que le contenu de nos propos risque probablement de provoquer nombre de critiques, de reproches, voire de remontrances et probablement quelques décisions de menaces de désabonnements... Cependant, il faut bien nous rendre à l'évidence, en tant que simples spectateurs ou observateurs de la situation politique qu'il nous est donné de constater avec stupéfaction (nous osons bien user de ce terme) depuis plusieurs semaines : tant dans la mouvance de la « droite » que dans celle de la Belle Alliance populaire (sic !) de la gauche, le spectacle est affligeant. Depuis quatre mois, nous assistons, dans l' « arène politique », à des combats de gladiateurs qui s'affrontent, s'écharpent et s'entre-déchirent à qui mieux mieux et nous sommes témoins des luttes acharnées, sans merci, des rétiaires, belluaires et autres mirmillons plus féroces les uns que les autres. Le plus récent assaut concerne ce « pauvre » François Fillon soupçonné d' « écarts de conduite » qui lui valent d'être la cible des parangons de la bonne moralité républicaine. Nous n'épiloguerons pas, ni ne ferons de commentaires à ce propos, puisque nous n'avons aucun élément de connaissance exacte des faits précis qui lui sont reprochés (il est même peut-être probable, lorsque paraîtra ce numéro, que l'« affaire » soit « classée sans suite »). Quant à Benoît Hamon, grand bien lui fasse d'avoir terrassé ses adversaires, mais pour quelle issue ? Puisqu'il s'est très clairement démarqué d'un parti socialiste en totale déliquescence. Que nous réservent donc les prochains mois ? Nous n'en savons absolument rien. Actuellement, nous vivons une sorte de trêve durant laquelle les uns et les autres pansent leurs blessures et fourbissent leurs armes ; mais ne nous leurrons pas, les joutes vont reprendre et certainement redoubler de violences et d'invectives, sous les yeux goguenards et narquois des « observateurs » patentés qui vont asséner leurs verdicts et imposer leurs jugements, en fonction de leurs « colorations » ou sympathies idéologiques. Nous ne nous faisons aucune illusion, les commentaires vont aller bon train pour féliciter les uns, critiquer les autres et vilipender ceux qui n'auraient pas l'heur de complaire à ces messieurs qui se donnent l'importance et la compétence de classer les candidats entre ceux qui sont convenables, ceux qui pourraient être acceptables et les derniers qui sont jugés comme totalement détestables ! Ne soyons pas dupes, restons avisés : le lauréat, « heureux élu » du mois de mai prochain, le sera avec l'assentiment et l'adoubement des instances qui surveillent et trient le bon grain de l'ivraie, c'est-à-dire « ceux qui font l'opinion », comme le disait Henry Coston. Afin de confirmer ceci, il suffit de reproduire ce que dit Claude Beauléon dans son article consacré à François Fillon (pages 7 à 16) : « (...) Cette détestable mode [des élections primaires] n'a en fait qu'un but, utile au système de la partitocratie : éliminer les candidatures dissidentes et forcer la main de l'électeur qui fatalement se prononcera par défaut, autrement dit, victime de l'ineptie du vote dit "utile" ». Jérôme SEGUIN