ÉDITORIAL : Le libéralisme est une bête qu'on n'apprivoise pas. Le cornac est croqué par l'éléphant (Cardinal Pie). Notre numéro, ce mois-ci, contient deux copieux dossiers qui, en apparence, n'ont rien de proche, ni de commun, mais se rejoignent sur le fond pour confirmer que nous vivons dans un monde factice et superficiel qui présente le défaut essentiel de nous mener vers des "voies sans issue". La preuve nous en est donnée par l'expérience des dizaines d'années antérieures démontrant que tous les dirigeants politiques qui sont censés nous conduire vers le bien commun, font systématiquement fausse route en ne sachant quelle direction suivre lorsqu'ils se trouvent à la croisée des chemins. Dans le cours de son analyse du conflit qui a éclaté au sein de la famille Le Pen, Claude Beauléon (pages 7 à 14) l'exprime en quelques mots sans équivoque : "Le devoir citoyen, le bulletin dans l'urne, les partis, tout ceci c'est du vent, un attrape-gogo". N'est-ce pas ce qui nous est donné de constater et, malheureusement, de supporter à nos dépens depuis tant d'années ? L'autre dossier pourra paraître surprenant dans une Revue de la politique française, puisqu'il a trait à la personnalité d'un homme hors du commun, un prélat français de la sainte Eglise catholique romaine, ayant vécu, de surcroît, il y a un siècle et demi : le cardinal Pie, éminent évêque du diocèse de Poitiers (de 1839 à 1880). Mais quel visionnaire était-il pour dénoncer les erreurs et les travers des adeptes du libéralisme, ceux qui ménagent la chèvre et le chou, ceux qui veulent marier la carpe et le lapin, partisans du "mariage pour tous", en quelque sorte !... "Le catholique libéral rend l'erreur aimable, le mal acceptable au nom de la conciliation, de la tolérance religieuse et d'une paix factice", pouvons-nous lire dans les propos d'Olivier Destouches (pages 38 à 51). C'est exactement ce qui se déroule sous nos yeux, dans le domaine strictement politique. Soyons clairsil n'y a décidément rien de nouveau sous le soleil "républicain" et "démocratique" ! Enfin, retenons la belle synthèse d'Augustin Jochaud du Plessix consacrée à l'euthanasie (pages 15 à 18), illustration éclairante et contemporaine des méfaits et dégâts provoqués par le libéralisme. Du fait de ces études importantes, dont nous ne pouvions repousser la publication dans un numéro ultérieur, certaines de nos rubriques habituelles sont relativement réduites. Nous demandons à nos lecteurs de bien vouloir ne pas nous en tenir rigueur. Elles retrouveront leur bonne et due place dès le mois prochain. Jérôme SEGUIN