ÉDITORIAL : Cela n'a pas tardé ! Dès le 22 mars, à partir de 20 heures (à l'annonce officielle des premiers résultats du scrutin du premier tour des élections départementales), le coup d'envoi du pugilat pour la joute présidentielle de 2017 a été donné ! Peu importent les difficultés à venir pour les 65 millions de "citoyens" que nous sommes : chômage, fiscalité écrasante, baisse du pouvoir d'achat, insécurité et le cortège de ce que nous subissons depuis tant d'années, tout cela va être considéré comme quantité négligeable et préoccupations secondaires. Non ! l'ensemble de la "vie politique" est désormais circonscrite à ce "cloaque, dans lequel s'agitent des petits coqs sur un tas de fumier" (selon les propos tenus par Philippe de Villiers, cf. notre n° 689, septembre 2014). Il n'est pas nécessaire d'en faire un dessin. Tout le monde assiste aux "mots doux", invectives et autres vilenies que s'échangent les uns et les autres préparant leurs stratégies en vue de la grande chamaillerie à venir. Ce doit être ce que d'aucuns appellent la "politique spectacle" qui va nous permettre d'assister à une suite de vaudevilles dignes de Feydeau ou de Labiche... Hélas ! Voilà dans quelle situation se trouve notre "belle France", telle que l'ont saccagée ceux qui aspirent à la diriger. Réjouissante perspective ! Nos contraintes de parution ne nous permettent pas d'exposer dans ce numéro les analyses et commentaires du scrutin. Nous les proposerons le mois prochain, sachant que vous "savez presque tout", tant nous sommes aujourd'hui abreuvés jusqu'à plus soif d'une surabondance de propos tenus par une pléiade de "conseillers", "éditorialistes", "experts en communication" et "politologues" tous plus "compétents" les uns que les autres, tandis que nous sombrons sous une masse d'informations qui ne nous laissent pas ignorer les moindres faits et gestes des pugilistes. Nous vous donnons certainement l'impression de traiter tout cela par la dérision ou le sarcasme, mais comment voulez-vous qu'il en soit autrement devant le pitoyable spectacle qui nous est proposé par des personnages qui ont la prétention de tenir les rênes de la sixième "puissance" mondiale ? Tandis qu'ils sont incapables de mesurer leurs propos et de contrôler leurs comportements. Il est d'une clarté de cristal que ces ambitieux n'ont qu'une seule et unique obsession : l'échéance de 2017. Et qu'allons-nous devenir en face de ces luttes d'influence et jeux de dupes ? Poser une telle question, c'est en même temps lui donner la réponse : il nous faudra subir les pirouettes et atermoiements de ces messieurs qui vont nous promettre monts et merveilles, nous laisser miroiter des « lendemains qui chantent » et finir par nous dire que bien qu'ils aient tout mis en œuvre pour améliorer nos conditions de vie, s'ils n'y parviennent pas, c'est bien à cause de la "crise" et surtout de la situation "catastrophique" laissée par leurs prédécesseurs. Chantal Delsol, qui vient de publier un essai (Populisme, les demeurés de l'histoire, Editions du Rocher), a accordé un entretien au journal Sud Ouest Dimanche (15 mars 2015), qu'elle a conclu par ces mots, à propos du Front national : "On avait besoin de cet ennemi, qui a contribué constamment à la montée de la gauche. Après quarante ans de ce petit jeu délétère, la gauche se trouve à présent au moment crucial : celui où l'apprenti sorcier se voit menacé de mort par l'outil qu'il a créé". N'est-ce pas là l'explication des incessantes gesticulations effrénées d'un Manuel Valls devant l'obsession de 2017 ? Jérôme SEGUIN