ÉDITORIAL : Nous ne pouvions manquer, en cette année qui marque le troisième centenaire de la mort de Louis XIV, de commémorer cet anniversaire, en raison de l'immense place tenue par ce souverain dans l'histoire de notre chère France que nous voudrions tant voir redevenir « catholique et royale » dans la magnificence qu'elle avait atteinte sous la conduite du Roi-Soleil. Jean-Baptiste Geffroy en a brossé un tableau équilibré et objectif, au terme duquel nous pouvons constater à quel point ce monarque, qui savait ce qu'était le sens du devoir, fut un exceptionnel homme d'Etat soucieux de donner à la France une puissance inégalée et qui a tout mis en œuvre pour qu'elle parvienne au sommet de son apogée et de sa grandeur. Notre ami n'est pas pour autant aveuglé par un excès de louanges : « La muraille du mépris édifiée depuis trois siècles, dit-il, est donc sérieusement lézardée et ce tricentenaire doit être pour nous l'occasion de rendre justice à Louis, aux soixante-douze ans d'un règne unique dans notre histoire. Il ne s'agit certes pas d'en gommer les ombres, ni de passer sur ses défaillances et ses fautes. Mais les grandeurs l'emportent largement sur les faiblesses de l'homme et de son règne ». Hélas ! dès la mort du roi sourdaient les prémices de la désagrégation intellectuelle et morale, sous les coups de boutoir de la philosophie dite des « Lumières », qui allait se conclure, 75 ans plus tard, par le désastre révolutionnaire et la destruction définitive du magnifique édifice qu'était devenue la France, construit peu à peu et pierre par pierre, au cours des siècles, par la lignée des Capétiens. Notre pays ne s'en est jamais relevé, quoiqu'en disent les beaux parleurs et les détracteurs de la monarchie. Avant nous, Charles Maurras portait le même jugement quand il écrivait : « Que l'on tourne les yeux au midi ou à l'est, vers l'Espagne et l'Italie ou vers l'Allemagne, on retrouve, au XVIIIe siècle, ce pas ferme, ce pas solide de la conquête capétienne, n'annexant qu'à coup sûr et faisant précéder ou suivre la guerre d'une action morale qui enracinait et perpétuait son trophée. C'est une œuvre bien faite, comme l'œuvre révolutionnaire et impériale fut une œuvre bâclée. Assurément, pour l'admirer, il faut la comprendre, et pour la comprendre, ne pas apporter de préoccupations de métaphysicien ou de petit enfant incapable de distinguer d'autre nuance que le noir et le blanc, le Néant pur et le grand Tout (...) Art savant, art complexe qui échappa longtemps au commun des faiseurs d'histoires plus ou moins nationales ou même nationalistes (L'Action française du 30 avril 1913). Jérôme SEGUIN